Eglises d'Asie – Vietnam
Les « laissés pour compte » de l’économie de marché et les craintes des dirigeants
Publié le 18/03/2010
C’est pourquoi le député catholique a demandé aux dirigeants vietnamiens de laisser les religions s’engager encore plus activement dans le travail social au secours des « laissés pour compte » du progrès. Il a même proposé que l’Etat rende aux religions une certain nombre d’institutions sociales dont il ne peut plus s’occuper.
Cependant en ce début d’année 1993, d’autres sujets de préoccupation semblent inquiéter davantage les dirigeants vietnamiens. Tout en se réjouissant des résultats économiques obtenus au cours de l’année écoulée et des perspectives encourageantes offertes pour l’année à venir, les plus hauts responsables de l’Etat ont exprimé leur crainte devant les bouleversements culturels et moraux introduits au Vietnam par l’économie de marché.
A l’Assemblée nationale, le premier ministre Vo Van Kiêt a énuméré les divers fléaux sociaux sévissant actuellement au Vietnam et a déclaré aux députés que l’édification et le développement d’une culture nationale étaient devenus des priorités. Selon lui, cette culture devrait exalter les plus hautes valeurs de la société vietnamienne, l’esprit de progrès et la tradition nationale. Le premier ministre n’a pas fait référence aux valeurs traditionnellement exaltées par le régime socialiste.
Plus récemment, lors du 4éme plenum qui s’est tenu à Hanoi du 4 au 14 janvier 1993, le secrétaire général Do Muoi dans le très long rapport (6) qu’il a présenté aux membres du Comité central, a insisté sur l’importance de la prise en compte du « facteur humain » dans le développement du pays au cours des années à venir. Après avoir exposé les réformes à réaliser dans le domaine de l’éducation, de la formation et de la santé, le secrétaire général du Parti a insisté lui aussi sur la culture. Il a affirmé qu’elle était le « fondement spirituel de l’homme … la force directrice du développement socio-économique en même temps que son objectifLe renforcement des valeurs culturelles et morales devraient permettre de lutter avec plus d’efficacité contre les fléaux sociaux et « les poisons culturels » qui accompagnent le libéralisme économique.
Il est peut-être significatif que, dans ce discours, aucune référence n’ait été faite aux fondateurs du mouvement communiste. Seul, Hô Chi Minh y est nommé. De même, le rapport contient très peu d’allusions à la construction du socialisme et aux thèmes marxistes-léninistes. Cependant, certaines mises en garde traditionnelles dans les discours de ce type ont été conservées. C’est ainsi que le premier ministre a demandé que « soit éliminée la superstition ainsi que toutes les autres manifestations rétrogrades