Eglises d'Asie

L’évêque de Dili donne des instructions aux curés de paroisse dans l’éventualité d’une reddition des maquisards du Fretilin dans leurs églises

Publié le 18/03/2010




Mgr Carlos Filipe Ximenes Belo, administrateur apostolique de Dili, a publié une lettre en huit points, datée du 19 décembre 1992, expliquant aux curés de paroisse la marche à suivre dans le cas où des maquisards du mouvement indépendantiste Fretilin se présenteraient dans les églises pour leur demander protection avant de se rendre à l’armée indonésienne. Eglises d’Asie a pu se procurer une copie du texte original en « bahasa Indonesia », langue nationale indonésienne, qui a été envoyé aussi au nonce apostolique de Jakarta et au commandant militaire indonésien de Timor oriental.

L’évêque demande aux prêtres d’avoir sous la main le texte du président Suharto, qui a proposé en 1978 l’amnistie aux membres du mouvement indépendantiste, ou celui du général Try Sutrisno qui a réitéré la même offre en novembre 1992, après la capture de « Xanana » Gusmao, considéré comme le chef de la résistance armée.

Parlant du cas où un membre du Fretilin se présenterait dans une église pour se rendre, Mgr Ximenes Belo précise : « Le militant du Fretilin doit déclarer qu’il (elle) a décidé, de sa propre volonté, de se rendre aux autorités par l’entremise du curé de la paroisse. Un rapport officiel doit être écrit et signé par le curé de la paroisse et le commandant militaire du lieu. Le curé de la paroisse a le droit de poser ses conditions afin d’être autorisé à rendre visite régulièrement à ceux qui seront placés en détention

La lettre précise encore que seuls les prêtres sont habilités à recevoir les militants du Fretilin désireux de déposer les armes. Les catéchistes et les « zeladores » ou agents pastoraux laïcs ne peuvent pas jouer ce rôle de médiation. L’évêque demande aussi aux prêtres de s’en tenir strictement à ses directives sans y ajouter aucune considération de politique locale ou personnelle.

Mgr Belo invite enfin les autorités civiles et militaires indonésiennes à respecter la dignité des hommes, à ne rien imposer qui aille contre la conscience des détenus et à les traiter de manière humaine.

Depuis l’annexion par la force de Timor Oriental par l’Indonésie en 1976, les autorités indonésiennes ont souvent essayé d’obtenir la participation de l’Eglise catholique, dont elles reconnaissent l’influence, à leurs efforts pour convaincre la population d’accepter l’intégration du territoire à l’Indonésie. Ces efforts se sont intensifiés depuis l’arrestation de « Xanana » Gusmao, leader historique du Fretilin, le mouvement indépendantiste (5).