Eglises d'Asie

Sumatra : la Communion des Eglises proteste contre l’occupation militaire du quartier général de l’Eglise protestante batak

Publié le 18/03/2010




Le 19 janvier 1993, la Communion des Eglises protestantes d’Indonésie a exprimé “son inquiétude au sujet de la honteuse occupation militaire des locaux de l’Eglise protestante batak de TarutungUne centaine de soldats ont en effet occupé les lieux à l’aube du 19 janvier et arrêté les militants et les pasteurs qui s’opposaient à cette opération.

Depuis plusieurs mois, un très grave conflit interne agite l’Eglise protestante batak, et l’armée est déjà intervenue à plusieurs reprises. Le vice-président du Conseil oecuménique des Eglises, Soritua Nababan, a été destitué de sa fonction d’évêque le 23 décembre 1992 par le commandant militaire régional de Sumatra-Nord. Mais au début de janvier 1993, un tribunal a décidé de surseoir à cette destitution et donné à l’Eglise – qui compte deux millions de membres – jusqu’au 18 janvier pour résoudre sa crise interne de direction.

Les tensions existent depuis longtemps au sein de l’Eglise batak qui est la communauté protestante la plus nombreuse du pays. En juin 1992, pour la deuxième fois en deux ans, le gouvernement avait refusé au synode de l’Eglise l’autorisation de se réunir tant qu’elle n’aurait pas réglé ses difficultés internes. Lorsque le synode s’est finalement réuni en novembre 1992, il n’a pas pu terminer ses travaux ni résoudre ses problèmes avant l’expiration du temps qui lui avait été accordé par les autorités militaires. Une nouvelle réunion du synode devrait avoir lieu après l’assemblée du Conseil national populaire qui doit élire le président et le vice-président indonésiens en mars 1993.

Les interventions des militaires ont été vigoureusement critiquées par la Communion nationale des Eglises protestantes et par des organisations de défense des droits de l’homme. Quelque deux mille membres de l’Eglise batak ont essayé d’empêcher l’installation de S.M. Siahan, nommé évêque intérimaire par les autorités militaires à la fin du mois de décembre 1992.

Selon le “Jakarta Post” du 7 janvier 1993, il est compréhensible que les autorités militaires cherchent à éviter des troubles durant la période qui précède les élections, mais l’initiative du commandant militaire de Sumatra-Nord n’en reste pas moins malencontreuse et il serait souhaitable que le gouvernement annule cette décision. “J’espère que l’incident ne créera pas un précédent” a déclaré le pasteur Pattiasina, porte-parole de l’Eglise batak, qui ajoute que 60 membres de l’Eglise, partisans de l’évêque Nababan, restent en détention.

Selon le quotidien de Jakarta, “Kompas”, à Medan, capitale régionale, le juge qui a décidé de surseoir à l’éviction de l’évêque Nababan de son poste a reçu des menaces. Il aurait déclaré : “On a jeté des pierres et de la viande pourrie sur les murs de ma maison, et je ne connais pas l’identité de ceux qui essayent de me terroriser

Konrad Raiser, secrétaire général du Conseil oecuménique des Eglises, basé à Genève, a écrit à Soritua Nababan le 5 janvier 1993 pour l’assurer des prières du Conseil, qui continuera à suivre la situation de près.