Eglises d'Asie

Bihar : des dalits promus prêtres hindous

Publié le 18/03/2010




Au cours d’une cérémonie présidée par le premier ministre du Bihar, M. Lalu Prasad Yadav, quatre dalits (les « intouchables » de naguère) sont devenus prêtres, chargés de desservir des temples hindous.

L’un d’eux, M. Ramal Ram, voit dans l’événement « un geste significatif dans la lutte contre l’obscurantisme qui menace de détruire notre nation au nom de l’hindouisme ». Selon le premier ministre, M. Prasad Yadav, qui est lui-même dalit, « ceci fait partie du mouvement qui se dessine au Bihar vers une plus grande justice sociale ». Il explique que cette « décision révolutionnaire » a été prise parce que les brahmanes ont « corrompu le code de conduite de la société » hindoue en introduisant dans les temples les prostituées sacrées (« devadasi ») et en détournant la loi hindoue à leur avantage. « Les prêtres brahmanes exigeaient des pots-de-vin pour l’accès des pèlerins aux temples. Ils ont aussi violé la loi civile en s’attribuant des terres acquises au nom des temples ». Le premier ministre est certain que les prêtres d’origine dalit n’agiront pas ainsi.

Quatre-vingt pour cent des membres des comités d’administration des temples hindous dans l’Etat du Bihar appartiennent à la caste des Yadav, qui est d’ailleurs le groupe dominant de la région. Le secrétaire (non yadav) du comité de gestion du temple dédié au dieu-singe Hanuman à Patna, capitale du Bihar, approuve quant à lui la décision prise par M. Lallu Prasad Yadav. A son avis rien dans les écritures sacrées de l’hindouisme ne permet de récuser un candidat à cause de son origine. M. Uday Narayan Chaudary, membre de l’assemblée législative de l’Etat, déclare : « Il faut en finir avec l’oppression dont souffrent dalits et aborigènes depuis des siècles. Nous n’avons rien contre les brahmanes, mais ce sont bien eux qui nous privent de nos droits et nous traitent en intouchables ».

Le père jésuite K.M. Joseph, avocat à la Haute Cour du Bihar, émet l’avis que le rôle du prêtre dans l’hindouisme « n’est plus lié à un quelconque pouvoir financier ou moral. Il y a donc des chances pour que les brahmanes ne s’opposent pas à la décision » du premier ministre.