Eglises d'Asie

Pour la lutte contre le sida, les évêques appellent à un sursaut moral

Publié le 18/03/2010




Devant les progrès du sida, les évêques des Philippines prêchent la compassion pour ses victimes et invitent à compter sur un “renouveau moral”, plutôt que sur l’usage des préservatifs, pour freiner la contagion.

Rassemblés du 20 au 25 janvier 1993 à Tagaytay-City, non loin de Manille, pour leur réunion semestrielle, les membres de la conférence épiscopale déclarent dans une lettre pastorale intitulée “Dans la compassion de Jésus” que la menace du sida dans le pays requiert la sollicitude de l’Eglise. En octobre 1992, on a diagnostiqué 356 personnes infectées par le virus et 84 atteintes de la maladie. Mais, de l’avis des services officiels de santé, les moyens de dépistage sont très insuffisants et les vrais chiffres sont certainement plus élevés.

“Nous devons d’abord avoir une attitude de service”, écrivent les évêques. “Les malades du sida portent un lourd fardeau, ils se voient mis au ban de la société, condamnés. Allons vers eux, accueillons-les, servons-les, comme Jésus a fait à l’égard des malades de son temps”.

“Devant la rapidité avec laquelle le fléau se répand, poursuit la lettre pastorale, nous ne saurions exagérer la nécessité d’un renouvellement moral de notre peuple”. Les évêques redisent leur opposition sans équivoque, comme moyen d’empêcher l’extension de la maladie, à l’utilisation des préservatifs que l’administration du président Fidel Ramos a approuvée (13). “Proposer ce moyen de protection revient à fermer les yeux sur la promiscuité et la permissivité sexuelles et à encourager l’indifférence aux exigences morales tant que peuvent être évitées les conséquences négatives, sociales et pathologiques”.

Invité par les évêques à leur parler du sida, le Père Robert Vitillo, de la Caritas internationale, s’était montré plus nuancé : “Je n’approuve pas les préservatifs, mais ils peuvent se révéler utiles sur le plan clinique”. A son avis, ils ne peuvent pas éliminer mais seulement réduire le risque de transmission du virus.

Le jour même de la publication de la lettre des évêques, le président Ramos a évoqué la solution du préservatif au cours d’une conférence de presse : “Il s’agit là d’une politique du gouvernement, qui fait écho aux cris lancés du monde entier pour le contrôle du sida, menace universelle”.

Dans leur lettre pastorale les évêques se demandent si les efforts du gouvernement en faveur du préservatif comme moyen de prévenir le sida ne sont pas un élément de son programme de planning familial, qui admet la contraception artificielle. “Si grande est l’ignorance des gens à l’égard de cette maladie, affirment les évêques, que l’usage des préservatifs les encourage à prendre les relations sexuelles à la légère. Or il nous faut voir la dimension morale du sida”. Les évêques appellent à la fidélité et à la chasteté dans le mariage monogamique et demandent l’abstinence sexuelle à ceux qui ne sont pas mariés. Ils se joindront aux organisations d’aide sociale dans la campagne éducative sur le sida. Parallèlement à la recherche médicale de sa guérison, il faut, concluent les évêques, “un sursaut moral”.