Eglises d'Asie

Visite de la délégation du Saint-Siège : résultats incertains

Publié le 18/03/2010




A son départ du Vietnam pour le Laos, le 6 février 1993, à l’issue d’une visite d’une semaine (14), l’envoyé du Saint-Siège, Mgr Claudio Maria Celli, a confirmé, au cours d’une conversation avec des journalistes, les directives du Saint-Siège contenues dans une lettre du cardinal Sodano adressée en mai 1992 au président de la Conférence épiscopale vietnamienne (15). Celles-ci invitaient les prêtres à ne pas adhérer au Comité d’union du catholicisme, association fondée en 1983 à l’intention des milieux catholiques et dépendant directement du Front patriotique. “Le Saint-Siège, a déclaré le prélat, continue de rappeler les principes de Vatican II demandant aux prêtres de ne pas se mêler de politique”.

Lors de leur voyage à Rome en juin 1992, les membres d’une délégation du gouvernement vietnamien avaient déjà été personnellement informés du contenu de cette lettre et, au mois d’août 1992, le bureau des Affaires religieuses du gouvernement de Hanoi avait élevé contre elle une vigoureuse protestation (16). Jusqu’à la veille de l’arrivée de Mgr Celli à Hanoi, M. Vu Quang, directeur du bureau des Affaires religieuses, espérait encore convaincre le Vatican de lever cette interdiction. “Le Vatican pense que nous voulons créer une Eglise dirigée par l’Etat; mais c’est tout à fait inexact” aurait aussi déclaré un membre du Comité d’union. Les déclarations de Mgr Celli à son départ du Vietnam donnent à penser que le Saint-Siège n’a pas été convaincu par les arguments de Hanoi et n’a pas changé d’attitude à l’égard du Comité d’union.

Bien que l’envoyé du Saint-Siège n’en ait pas fait mention lors de la déclaration faite à son départ, il est probable cependant que la situation actuelle de Mgr Nguyên Van Thuân a aussi été abordée lors des négociations. Nommé coadjuteur du diocèse de Saïgon en 1975, empêché d’occuper ce poste par les autorités, puis détenu pendant plus de treize ans, l’archevêque réside aujourd’hui à Rome sans pouvoir regagner son pays.

Dans une déclaration faite avant l’arrivée de Mgr Celli, M. Vu Quang exposait ainsi la façon dont le gouvernement vietnamien considère son cas: “Il n’a pas été expulsé; mais après son départ (pour Rome) nous lui avons dit qu’il ne convenait pas qu’il revienne au Vietnam sans un accord entre le Vatican et le Vietnam”. Pour l’instant, rien n’indique que cet accord soit intervenu; du moins aucune des deux parties n’en a informé le public.

Un certain nombre d’autres problèmes ont aussi été abordés, parmi lesquels celui des diocèses sans titulaire. C’est le cas de trois diocèses au Nord : Hanoi administré actuellement par l’évêque de Bac Ninh, Mgr Phan Dinh Tung, Thanh Hoa et Hung Hoa. Au Sud, le diocèse de Huê n’a plus d’archevêque depuis la mort de Mgr Diên. A Hô Chi Minh-Ville, Mgr Nguyên Van Binh âgé et malade, attend depuis de nombreuses années de pouvoir être remplacé. Mais le gouvernement s’oppose à ce que le successeur nommé, Mgr Nguyen Van Thuân, rejoigne son poste.

Avant de procéder à des nominations et de les soumettre à l’approbation du gouvernement vietnamien, le Vatican semble attendre que ce dernier fasse un geste de bonne volonté pour débloquer la situation de Mgr Nguyên Van Thuân. Cela ne l’a pas empêché cependant de nommer récemment avec l’approbation des autorités vietnamiennes, trois évêques coadjuteurs pour les diocèses de Dalat, de Xuân Lôc et de Vinh. Le dernier d’entre eux, Mgr P. Paul-Marie Cao Dinh Thuyên a été ordonné évêque le 19 novembre 1992 dans l’église de Xa Doai, cathédrale du diocèse de Vinh.

La formation des prêtres constitue pour l’Eglise du Vietnam un autre très grave problème. Dans une pétition envoyée au gouvernement vietnamien à l’occasion de leur dernière réunion annuelle, les évêques avaient demandé que soit levé le contrôle exercé sur le recrutement des séminaires, l’ordination, la nomination et le déplacement des prêtres (17) et qu’un corps enseignant compétent puisse être formé. Lors de sa visite au séminaire de Vinh dans le centre Vietnam, la délégation du Vatican a pu se rendre compte de la situation concrète dans cette maison qui vient d’être rouverte depuis deux ans.

Malgré les réserves qu’il a émises, l’envoyé du Saint-Siège a quitté le Vietnam en exprimant un certain optimisme. “Nous sommes arrivés à des conclusions qui peuvent être considérées au premier abord comme positives” a-t-il déclaré. Il a cependant ajouté qu’il attendait davantage.