Le Comité d’union du catholicisme réunit son troisième Congrès national.

Dans le rapport qu’il a présenté aux participants, le P. Phan Khac Tu, secrétaire général de cette association et député à l’Assemblée nationale, a exposé les activités du Comité et la campagne d’action patriotique menée par lui auprès des catholiques de tout le pays. Il a, en particulier, fait remarquer que la communauté catholique vietnamienne a apporté sa part à la rénovation et à la vie démocratique du pays : elle a participé à la discussion du projet de “nouvelle constitution” ainsi qu’à l’élection des députés à la nouvelle Assemblée nationale; elle a aussi mis en application les lignes politiques de l’Etat et plus spécialement celles qui concernaient la liberté de croyances.

Selon l’agence vietnamienne, au cours du congrès, des distinctions ont été accordées à diverses communautés catholiques du Vietnam. Des diocèses et des paroisses se sont vus attribuer le titre de “diocèses de progrès” ou de “paroisses de progrès”. Les diocèses de Hanoi et Hô Chi Minh-ville ont ainsi été distingués. Ont aussi été citées les provinces de Dông Nai (diocèse de Xuân Lôc), de Ha Tinh (diocèse de Vinh), de Nam Ha (diocèse de Phat Diêm), Kiên Giang (diocèse de Long Xuyên), Can Tho et Dông Thap.

Selon le communiqué de l’agence, à l’occasion du congrès, le Comité d’union a lancé un mouvement caritatif. Ce serait la première oeuvre privée de ce genre à exister au Vietnam. Récemment, la Conférence épiscopale s’était vu refuser le droit de fonder une organisation d’entraide. Par ailleurs, le Congrès a adopté un programme d’activités pour l’année 1993. Le comité a aussi appelé à l’intensification du mouvement patriotique dans les milieux catholiques pour que ceux-ci puisssent accomplir les tâches économiques et sociales qui leur sont imparties.

On peut penser que ce compte rendu du congrès par l’agence de presse officielle a laissé de côté les problèmes délicats qui se posent aujourd’hui à cette association et, en particulier, celui de l’attitude que le Comité d’union adoptera après la mise en garde contre lui contenue dans la lettre du cardinal Sodano récemment envoyée au président de la Conférence épiscopale (21).

Le Comité d’union des catholiques patriotes a été fondé en 1983 avec un certain nombre de délégués, en majorité des prêtres, directement désignés par le Front Patriotique. Les statuts que cette association se donnait alors indiquaient clairement qu’elle était membre du Front patriotique et avait pour mission de mobiliser les milieux catholiques au service de la patrie. Lors de son deuxième congrès à Hanoi en octobre 1991 (22), le Comité changeait de nom; il devenait “le Comité d’union du catholicisme”. Il se donnait aussi une mission supplémentaire : se faire le représentant des besoins et des désirs de l’Eglise auprès des autorités.

Lors de sa fondation, la nouvelle association avait été l’objet d’une opposition résolue chez des laïcs catholiques et chez certains membres de la hiérarchie ecclésiastique, en particulier l’archevêque de Huê, Mgr Nguyen Kim Diên. La Conférence épiscopale avait, elle, adopté une attitude plus souple; lors de la réunion qui avait suivi la fondation du mouvement, au mois de mai 1984, elle avait résolu de ne pas s’opposer à cet organisme d’Etat, mais de ne pas ménager les remontrances aux personnes qui agiraient contre les intérêts de l’Eglise (23). Depuis, l’attitude de la hiérarchie de l’Eglise vis-à-vis du Comité d’union a sensiblement changé avec la lettre du Vatican demandant aux prêtres vietnamiens de ne pas participer à cette association, jugée de nature politique. Lors de sa rencontre avec Mgr Celli, le directeur du Bureau des affaires religieuses, M. Vu Quang, a essayé en vain de faire revenir le Vatican sur sa décision.