Eglises d'Asie

Les responsables de l’Eglise disent leur tristesse du rétablissement prochain de la peine de mort

Publié le 18/03/2010




Le sénat ayant approuvé en deuxième lecture, par 17 voix contre 7, le rétablissement de la peine de mort, la conférence épiscopale et l’association des supérieurs majeurs ont exprimé, le 15 février 1993, leur “tristesse”. La peine capitale avait été supprimée en 1986 par Mme Aquino. Devant la recrudescence de la criminalité, en particulier des enlèvements, le nouveau président a demandé aux parlementaires de traiter l’affaire comme “urgente”.

Le secrétaire général de la conférence épiscopale, Mgr Nestor Carino, voit dans le résultat de ce vote un “retour en arrière”. Il craint qu’il ne fasse qu’institutionnaliser davantage l’oppression des pauvres par les riches et les gens en place. La peine de mort est un acte “barbare”, a-t-il dit, en rappelant les efforts de l’Eglise pour empêcher son rétablissement (13). “Mais qu’y pouvons-nous ? Ce sont eux (les parlementaires) qui tiennent les leviers du pouvoir”.

Selon le P. Cornelio Alpuerto, svd, ancien co-président de l’association des supérieurs majeurs : “Seuls les pauvres, ceux qui ne pourront s’offrir les services de bons avocats ou qui n’auront pas les moyens de graisser la patte (aux gens en place), seront condamnés à mort”. La dissuasion par la peine de mort est “une illusion et elle est totalement étrangère à toute attitude chrétienne… Je ne crois pas qu’elle contribuera à une diminution de la criminalité dans le pays. Au lieu de rétablir la peine de mort, il faudrait améliorer le système judiciaire des Philippines”. Le P. Alpuerto admet que les criminels n’ont pas leur place dans une société normale et qu’ils doivent être punis selon la gravité de leurs fautes. Mais, d’après lui, personne ne devrait être privé de son droit au repentir et à la conversion en prison. “Ce qui nous voulons, c’est un système pénal efficace. Si celui-ci permet la conversion complète d’un criminel, alors on peut dire que le criminel est vraiment mort”.

Mais l’un des sénateurs, M. Ernesto Herrera, maintient qu’en votant en faveur du rétablissement de la peine de mort, il a en fait voté pour le respect du caractère sacré de la vie.

Le projet de loi doit revenir en troisième lecture devant le sénat avant d’être définitivement approuvé.