Eglises d'Asie

Cinq mille enfants vivraient dans la rue

Publié le 18/03/2010




“J’ai quitté chez moi à 6 ans. Je ne sais pas où c’est. Je me rappelle seulement que mon village s’appelle Lalbandi”, raconte Saila, un gosse de la rue, à Gauri Pradhan, qui s’occupe du centre népalais pour les enfants au travail. “Ma mère est partie avec un autre homme. Mon père a été tué par des voleurs. J’ai traîné un peu partout puis je suis venu à Katmandou.” Saila est l’un des cinq mille enfants de la rue du Népal, d’après un récent rapport de l’association sud-asiatique pour la coopération régionale, qui calcule qu’au rythme actuel leur nombre pourra être dix fois plus élevé en l’an 2000.

Le phénomène tient aux villes qui grossissent, à la pauvreté, à l’ignorance et au manque d’instruction. Même les enfants de familles aisées des villages, quand elles se disloquent, errent dans les rues des villes. Beaucoup d’entre eux sont venus de leurs villages avec leurs parents pour travailler comme tisseurs ou domestiques, puis un jour se sont sauvés. Un garçon de la rue, Ashiki Fuchhe, a raconté à Pradhan : “Je n’avais que huit ans quand mon père m’a amené à Katmandou travailler dans une fabrique de tapis pour soutenir notre famille au village. Je devais travailler toute la journée. Quand je me plaignais, mon père ne m’écoutait pas. Si bien que je me suis sauvé.” Une fillette de huit ans, Mankumari : “Je suis venue avec ma soeur aînée du village de Nuwakot (à 50 km au nord de Katmandou) pour travailler dans une fabrique de tapis. Ma soeur s’est sauvée avec un garçon. Alors je suis partie, j’ai été avec les enfants dans les rues. La nuit nous dormons dehors dans de vieux sacs. Les garçons m’embêtent et si je me mets à pleurer, ils rient.”

Selon le rapport de l’association pour la coopération régionale, certains enfants de la rue se vantent d’avoir des tas d’amis et d’aimer vivre en ville. Ils travaillent comme plongeurs dans de petits restaurants, ou bien ramassent sacs plastiques, bouteilles vides, déchets de toute nature pour le compte de chiffonniers. Ils mendient quelquefois dans les endroits fréquentés par les touristes, chapardent des fruits, à l’occasion font les pickpockets dans les autobus bondés. Ceux qui sont pris vont en prison.

Les quelques orphelinats publics ou privés n’accueillent qu’un petit nombre d’enfants, qui d’ailleurs s’en vont parfois rejoindre ceux de la rue.

Selon le responsable du centre népalais pour les enfants au travail, la moitié des enfants du pays travaillent, environ 5 millions. Dans les régions rurales, la plupart ramassent du bois de chauffage et du fourrage, gardent les bêtes ou travaillent dans les champs. Ceux des villes travaillent dans des fabriques, aux fours à briques, dans les carrières ou bien dans les hôtels et les restaurants.