La lecture des documents concernant l’agitation bouddhiste, en particulier de la lettre de protestation en neuf points écrite par le vénérable Thich Huyên Quang (7), a inspiré au P. Chân Tin un très intéressant parallèle entre l’évolution dans laquelle le bouddhisme vietnamien a été entraîné sous la pression du pouvoir depuis 1975 (8) et celle suivie par l’Eglise catholique. Deux étapes , selon lui, ont marqué l’histoire récente du bouddhisme:
« Le pouvoir a commencé par fonder l' »Association du bouddhisme unifié » au nord, en 1960, puis le « Comité de liaison des bouddhistes patriotes » en 1975, au sud. Ces comités avaient des dirigeants communistes. C’était la première étape. Dans la deuxième étape, l’Etat s’est servi des thèmes de l’union et de la réunification du bouddhisme de tout le pays pour fonder une nouvelle Eglise bouddhique, instrument destiné à éliminer l’Eglise bouddhique unifiée (la véritable Eglise traditionnelle) ».
Le P. Chân Tin pense que l’Etat suit une stratégie parallèle dans son comportement à l’égard de l’Eglise catholique. La première étape a été la même. « Dans une première étape le « Comité d’union des catholiques patriotes » sert d’intermédiaire entre les autorités et l’Eglise, même si le Comité ne se reconnaît pas cette mission ». « Au cours de ces dix dernières années, le Comité a été créé par l’Etat et le Front patriotique pour remplacer la hiérarchie. Tout ce qui concerne l’Eglise passe obligatoirement par lui »
Le P. Chan Tin affirme que, pour l’Eglise catholique, la deuxième étape a déjà commencé. Elle est différente de celle où le Bouddhisme est aujourd’hui engagé: « L’Etat ne fondera pas une nouvelle Eglise comme il l’a fait pour le bouddhisme, mais grâce à la pression qu’il exerce sur l’Eglise, il place un certain nombre de personnes qui lui sont entièrement dévouées dans certains postes dirigeants
Bientôt, le Comité d’union n’aura plus besoin d’exister car il se sera emparé des postes de commande à l’intérieur de l’Eglise. Le P. Chan Tin souhaite que les évêques restent vigilants devant ce qu’il appelle l’offensive des « deux bêtes de l’Apocalypse » (9).