Eglises d'Asie

Le cardinal Ratzinger incite les évêques d’Asie à adopter le terme “inter-culturalité” plutôt que celui d'”inculturation”

Publié le 18/03/2010




Le préfet de la congrégation romaine pour la doctrine de la foi vient d’encourager les évêques d’Asie à penser la mission de l’Eglise comme une action “interculturelle” plutôt que d’y voir une “inculturation”.

Accompagné de Mgr Albert Bovone, secrétaire de la congrégation, le cardinal Joseph Ratzinger, rencontrait à Hongkong, du 2 au 6 mars 1993, vingt-cinq chefs de file de l’épiscopat asiatique, présidents des conférences épiscopales ou de leurs commissions doctrinales.

Le mot “inculturation” ne devrait plus être employé, leur a dit le cardinal, parce qu’“il présuppose qu’une foi nue, dépouillée de culture, est transplantée dans une culture religieusement indifférente et qu’ainsi deux sujets, formellement étrangers l’un à l’autre se rencontrent et fusionnent”. Une telle conception est “artificielle et irréaliste, puisque, à l’exception de la civilisation technique moderne, il n’existe pas une foi sans culture ni de culture sans croyance religieuse”.

Le cardinal Ratzinger a proposé de parler plutôt de rencontre interculturelle pour décrire avec plus de précision ce qui se passe quand la culture de la foi chrétienne rencontre d’autres cultures. Quand deux cultures se rencontrent – la rencontre est l’élément-clé du concept – l’une ne détruit pas l’autre, elle l’enrichit. La foi chrétienne est perçue ici comme une culture qui rencontre une autre culture telle que le bouddhisme, l’islam ou l’hindouisme, leur lien commun étant la religion.

Plus profondément, ce qui lie les cultures qui se rencontrent, ce sont les êtres humains à la recherche de l’unité. Un participant de la réunion de Hongkong a vu là le fond de l’idée du cardinal : “Il y a en nous-mêmes, dans l’humanité, quelque chose qui recherche l’unité, et le mot d’interculturalité essaie d’exprimer cette quête humaine de l’unité”.

Le mot ancien “inculturation” qui n’avait pas été utilisé une seule fois dans le communiqué final de la quatrième assemblée générale de la FABC (1986 à Tokyo), est apparu deux fois dans celui de la cinquième assemblée générale (1990 à Bandoung) et est devenu d’usage courant dans les rencontres d’évêques d’Asie en ces dernières années.