Eglises d'Asie

Le cardinal Sin : “Pas de réconciliation dans le déshonneur”

Publié le 18/03/2010




Dans un discours prononcé, le 4 mars 1993, devant les membres du Rotary Club à Manille, le cardinal Sin a accusé le gouvernement de “promouvoir une réconciliation nationale faite au mépris des principes, à l’encontre de la justice, sans honneur”.

Certains commentateurs pensent que l’archevêque de Manille visait l’attitude du gouvernement envers la famille de l’ancien dictateur Ferdinand Marcos et plusieurs de ses associés. L’administration se serait rapprochée d’hommes d’affaires et de militaires autrefois impliqués dans les abus du temps de la loi martiale.

Il ne faut pas, a dit le cardinal, “ré-écrire l’histoire en interprétant de façon arbitraire et sans le moindre fondement le sens et l’esprit de la révolution de 1986. Il ne fait pas le moindre doute qu’un développement national payé au prix d’une amnésie morale ne peut, à la longue, nous procurer aucun avantage”.

Dans le même discours, Mgr Sin critique dans le gouvernement ce qu’il considère comme “une tendance à résoudre les problèmes nationaux en prenant les voies les plus faciles”. Il aborde une fois de plus la question des moyens artificiels de contrôle des naissances dans la lutte contre le sida : “On essaie d’échapper aux conséquences d’une conduite immorale, sans pour autant changer cette conduite elle-même, ni les habitudes profondes qui l’ont engendrée. Nous sauvegardons notre vie, mais nous perdons notre humanité”.

A propos du jeu, l’archevêque de Manille ironise : “Que penser d’un gouvernement incapable de servir les gens sans avoir recours au profit des maisons de jeu?”

Quelques jours plus tôt, l’archevêque de Palo, Mgr Pedro Dean, avait joint sa voix à la clameur croissante des responsables d’Eglises qui s’élèvent contre l’ouverture de casinos (13) et le jeu clandestin. Dans une lettre pastorale publiée le 21 février 1993, il a accusé les militaires, la police et les fonctionnaires de se faire les protecteurs des maisons de jeu illégalement établies dans l’île de Leyte. Il s’est aussi élevé contre le projet gouvernemental d’ouvrir un casino à Tacloban, la capitale provinciale.