Eglises d'Asie – Indonésie
Le nouveau gouvernement ne comprend plus aucun ministre catholique
Publié le 18/03/2010
Sont également partis deux des ministres protestants de l’ancienne équipe : Radius Prawiro (coordination des affaires économiques et financières) et Sudomo (coordination des affaires politiques et de la sécurité), les deux autres conservant leur portefeuille : Joop Ave (poste, télécommunications et tourisme) et Tunggul Bernhard Silalahi (fonction publique).
Ida Bagus Sudjana, nouveau ministre des mines et de l’énergie, est le premier hindou à occuper un poste ministériel depuis vingt-cinq ans.
La majorité des 41 membres du nouveau cabinet se rattachent à la religion musulmane. Certains observateurs qui rappellent que le président Suharto a multiplié depuis deux ans les marques de sympathie à l’égard de l’islam (8) – faisant en personne le pèlerinage de La Mecque, contribuant à la construction de mosquées, autorisant le port du voile par les étudiantes des établissements de l’Etat… – suggèrent que le récent remaniement ministériel a fourni au président l’occasion d’améliorer son image auprès des masses du plus grand pays musulman du monde. Cependant, un dirigeant du Parti démocrate indonésien, Sabam Sirait, qui est lui-même chrétien et nationaliste, estime que si le président avait réellement voulu s’identifier avec les masses, il aurait fait entrer dans le cabinet un membre du Parti d’union pour le développement. Or aucun portefeuille n’a été confié à des membres des deux partis légaux d’opposition (9).
Le 19 mars 1993, Lukman Harun, ancien président du Muhammadiyah, deuxième organisation musulmane du pays, a déclaré que la composition du nouveau cabinet “donnerait à la majorité musulmane du pays une occasion d’affirmer son identité propreIl a remarqué que le réveil politique des musulmans indonésiens pouvait aussi s’observer dans les débats publics sur l’introduction de lois inspirées du droit islamique. Il a exprimé sa satisfaction de constater que l’Etat semblait “prendre en compte la culture et l’économie islamiques
Les observateurs de la scène indonésienne mettent surtout l’accent sur l’apparente perte d’influence des militaires dans la composition du nouveau gouvernement. Ils notent aussi que l’armée pourrait rapidement se sentir mal à l’aise s’il s’avère que le président Suharto cède à la surenchère des groupes musulmans et met en danger la laïcité du régime.