Eglises d'Asie

L’Etat vietnamien apporte son soutien au 3e congrès de l’Eglise bouddhique du Vietnam

Publié le 18/03/2010




Les autorités du gouvernement et du Front patriotique ont donné un éclat tout à fait particulier au troisième congrès de l’Eglise bouddhique du Vietnam qui s’est tenu à Hanoi, au palais culturel de l’amitié franco-soviétique (15), les 3, 4 et 5 novembre 1992. Pendant trois jours, le quotidien du Parti a consacré sa première page à des comptes rendus des débats et à des photos montrant les nombreuses rencontres des membres du congrès avec les plus hauts dirigeants de la République socialiste du Vietnam (16). Le secrétaire général, Dô Muoi, lui-même, a envoyé une lettre de bienvenue aux représentants de l’Eglise bouddhique vietnamienne. Il y affirmait en particulier que « l’histoire avait montré que, depuis des milliers d’années, le bouddhisme était resté solidaire de la nation en temps de paix comme en temps de guerreIl ajoutait aussi que, depuis sa fondation , il y a plus de dix ans, l’Eglise bouddhique du Vietnam avait manifesté qu’elle répondait pleinement aux voeux des bouddhistes de toute la nation.

Ce dernier propos peut être considéré comme une réponse aux violentes contestations dont l’Eglise bouddhique du Vietnam est aujourd’hui l’objet. Ce fut d’ailleurs une des rares allusions directes aux conditions particulières dans lesquelles se déroulait ce troisième congrès, conditions qui pourtant ont poussé l’Etat à entourer cette manifestation d’une grande solennité. Depuis le mois d’avril 1992 (17), en effet, la légitimité de l’Eglise bouddhique du Vietnam est mise en cause par une série d’incidents, de coups d’éclat et de lettres ouvertes émanant principalement du vénérable Thich Huyên Quang, actuel responsable de l’« Eglise bouddhique unifiée du Vietnam » que l’« Eglise bouddhique du Vietnamfondée par l’Etat en 1981, a voulu supplanter.

Pour leur part, les dirigeants de l’Eglise d’Etat réunis à Hanoi ont multiplié les signes d’allégeance et ont souligné l’harmonie existant entre les idéaux du bouddhisme et ceux du socialisme. Dans un interview accordé à un journal vietnamien de langue anglaise (18), le vénérable Kim Cuong Tu, vice-président de l’Eglise bouddhique du Vietnam, déclarait à l’issue du congrès : « … Les principes du bouddhisme, qui consistent à sauver du malheur les êtres vivants, à soulager leurs souffrances et à se consacrer au bien-être du genre humain, sont en conformité avec les idéaux socialistes qui ont conduit à libérer le pays de l’oppression du féodalisme et de l’agression colonialiste, à conquérir la liberté et l’indépendance pour le pays, à procurer le bien-être aux populations pauvres ». A ce propos, le dirigeant bouddhique a mis en relief le rôle joué par ses coreligionnaires dans la lutte anti-colonialiste et anti-impérialiste.

Le religieux a aussi insisté sur la légitimité de son Eglise fondée en 1981. Il a déclaré que cette dernière était résolue à concentrer sous son autorité centrale la totalité du réseau des établissements d’éducation bouddhique de niveau secondaire ou supérieur. Selon lui, au cours de ce troisième congrès placé sous le signe du Dharma, de la nation et du socialisme (19), les délégués ont appelé les croyants « à consolider et à renforcer leur confiance dans le Parti et l’Etat socialiste qui poursuivent une politique correcte à l’égard de toutes les religions ».