Eglises d'Asie

Mesures draconiennes pour vider les camps de réfugiés vietnamiens de Hongkong

Publié le 18/03/2010




Dans le but avoué de rendre encore plus difficiles les conditions de séjour dans les camps de réfugiés de Hongkong et de favoriser ainsi le retour volontaire des boat-people dans leur pays, le Haut-commissariat aux Réfugiés a fait savoir aux principales organisations non gouvernementales oeuvrant au service des pensionnaires des camps que désormais leur travail devrait s’arrêter ou qu’il serait réduit au minimum indispensable. C’est ainsi que l’agence C.F.S.I (Community and Family Services International) qui employait quelque trente travailleurs sociaux devra se retirer à partir du 31 août 1993. L’association “Médecins sans frontières” mettra fin à ses activités le 1er juillet, malgré les réticences du ministère de la Santé du territoire. Seules seront tolérées, mais à une échelle réduite, les activités jugées indispensables. Ces mesures concernent aussi les personnes privées. Le Coordinateur aux réfugiés pour le gouvernement de Hongkong avait déjà fait savoir au début du mois de mars que les permis de visite des camps qui avaient déjà été retirés dans le passé à certains volontaires ou aumôniers comme par exemple le P. Pierre Le Van Thang, des Missions étrangères de Paris, ne seront pas accordés à nouveau.

Commentant ces mesures, le chef de mission du Haut-commissariat aux Réfugiés a expliqué qu’elles étaient nécessaires si l’on voulait inciter les pensionnaires des camps à retourner chez eux, en particulier, les 70 % d’entre eux à qui le statut de réfugié politique a déjà été refusé. Des mesures analogues seront prises dans les camps de réfugiés des autres pays du Sud-est asiatique. Quant aux organisations non gouvernementales, beaucoup de leurs responsables ont été choqués par les décisions prises et les ont trouvées peu compatibles avec la mission humanitaire qu’assume le Haut-commissariat.

Ces mesures draconiennes ont, semble-t-il, été dictées aux responsables par le ralentissement des départs volontaires vers le Vietnam et par la diminution dramatique du budget consacré aux réfugiés de Hongkong par le Haut-commissariat.

Au cours de l’année 1992, les responsables avaient nourri un certain optimisme. Une moyenne de 1 000 réfugiés par mois avaient quitté volontairement les camps, alors que le mouvement des arrivées était pratiquement stoppé. Au vu de ces chiffres, l’administration du territoire avait bon espoir d’atteindre son objectif, à savoir vider les camps avant 1997. Or les trois premiers mois de l’année 1993 ont été marqués par un très net ralentissement des départs volontaires, 993 seulement depuis le 1er janvier. Aucune explication sérieuse n’a encore été donnée à ce phénomène. Certains avancent que les réfugiés, avec l’arrivée du président Clinton, s’attendraient à un changement de la politique américaine à leur égard.

Par ailleurs, le Haut-commissariat qui a contracté une dette de 545 millions de dollars à l’égard du gouvernement de Hongkong ne dispose plus de ressources suffisantes pour les réfugiés de Hongkong. Le représentant du Haut-commissariat a affirmé sans ambages que l’argent de l’organisation internationale était plus nécessaire en Bosnie ou en Somalie.