Eglises d'Asie

Renaissance des luttes ouvrières au Sud-Vietnam

Publié le 18/03/2010




650 ouvriers vietnamiens du consortium sud-coréen “Ree Young”, établi à Hô Chi Minh-Ville, se sont mis grève le 6 février 1993, pour des revendications portant sur les salaires, le temps de travail et des mauvais traitements dont les salariés accusent les contremaîtres sudcoréens (22). Une seconde grève a eu lieu, le même mois. En décembre 1992, 17 salariés d’une usine de chaussures appartenant en partie à des Taïwanais avaient cessé le travail. Au cours de l’année 1992, on avait déjà enregistré 4 conflits opposant la main d’oeuvre vietnamienne à des patrons étrangers.

L’introduction de l’économie de marché au Vietnam y a réveillé les luttes sociales qui s’étaient assoupies avec l’établissement du régime socialiste au Sud en avril 1975. Désormais avec la présence du capitalisme étranger sur le sol vietnamien, les conditions théoriques sont réunies pour que le syndicat retrouve son rôle d’animation dans les luttes sociales dirigées contre l’oppression patronale. Au mois de novembre 1992, M. Nguyen Van Tu, membre du Comité central et président de l’unique syndicat vietnamien, la Confédération générale du travail, avait déjà déclaré que son organisation qui, dans le passé, avait visé comme premier objectif “l’éducation des masses au socialismese donnait désormais comme tâche principale, “la protection des intérêts des travailleurs” (23). En 1992, le représentant du syndicat vietnamien avait protesté contre la décision du gouvernement d’abaisser le salaire minimum exigé des entreprises étrangères à 35 dollars, alors qu’il avait été prévu à 52 dollars par le code des investissements de 1987.

Un récent éditorial du journal “Catholicisme et nation” (24) explique au contraire que le syndicat qui n’est d’ailleurs implanté que dans un sixième des grandes entreprises ne joue pas encore le rôle qui devrait être le sien dans la situation actuelle. Voilà déjà quelque temps que l’organe du Comité d’union du catholicisme s’élève contre la détérioration de la condition ouvrière qui, selon lui, va de pair avec l’entrée des capitaux étrangers dans le pays. Les principaux signes de cette dégradation seraient la cadence de production trop élevée, la durée du travail trop longue, les salaires réels au-dessous du minimum garanti et la brutalité du comportement patronal à l’égard des ouvriers.

L’éditorial conclut que les choses n’en seraient pas venues là si les autorités compétentes avaient exigé de chaque entreprise qu’elle établissent avec soin des contrats de travail avec la main d’oeuvre embauchée. A Hô Chi Minh-Ville, ces contrats n’existent que dans la moitié des 2 500 entreprises existantes.