Eglises d'Asie

A Goa, l’archevêque met en garde contre le “communalisme”

Publié le 18/03/2010




Le 1er avril 1993, Mgr Raoul Gonsalves, archevêque de Goa, a lancé un appel à ses compatriotes, leur demandant de ne pas se laisser aller au “communalisme” (10) à l’occasion de la controverse touchant la nouvelle ligne de chemin de fer qui doit traverser l’Etat pour relier Bombay au port de Mangalore et au Kerala (11). “Je suis très inquiet”, dit le prélat. “On essaie d’utiliser cette affaire pour monter les diverses communautés les unes contre les autres. L’Eglise est à ce propos l’objet de toutes sortes de soupçons et d’accusations”. Il ajoute: “tout au long de son histoire, l’Eglise catholique a souvent été incomprise. Ses meilleurs intentions et son action ont souvent été déformées”.

Le 20 mars, une délégation dirigée par des représentants du diocèse de Goa a rencontré le premier ministre, M. Narasimha Rao. Les participants ont présenté au chef du gouvernement fédéral leurs objections à la construction de la nouvelle voie ferrée. Selon eux, le tracé prévu détruira des terres arables ainsi que de nombreux hectares de forêt. Il mettra en danger l’existence de plusieurs sites historiques. Parmi ces derniers, on compte plusieurs églises bâties au cours des siècles par les anciens colonisateurs portugais, dont la basilique du “Bom Jesu” qui abrite le corps de Saint François Xavier.

A la suite de ces démarches, le premier ministre a ordonné une suspension immédiate des travaux, en attendant une étude plus détaillée du projet.

Ce qui n’a pas manqué de soulever des objections, y compris parfois au sein de la communauté catholique. Ainsi M. George Fernandes, ancien ministre catholique des chemins de fer et leader socialiste, commente: “L’Eglise catholique s’est acoquinée avec les riches propriétaires terriens pour faire chanter le gouvernement et parvenir à ses fins. L’Eglise a toujours tendance à proclamer bien haut les besoins des pauvres, tout en protégeant les intérêts des riches”.

Mais Mgr Gonsalves n’en insiste pas moins. Ce projet, dit-il, “va provoquer un désastre écologique. Il va profondément affecter la vie des gens et devenir une menace immédiate à la santé publique. Il va mettre en péril les moyens de subsistance de beaucoup et sera un danger pour la survie même de la population. Je dois à Dieu et à nos compatriotes de dire clairement ce que je pense et de prendre mes responsabilités, en particulier en éveillant la conscience des gens et en les motivant”.

L’archevêque demande instamment aux politiciens de “réfléchir sérieusement aux objections, qui se font de plus en plus nombreuses, contre le tracé prévu de chemin de fer du Concan et de réduire au minimum son coût social, économique et écologique”.