Eglises d'Asie

L’islam indonésien n’est pas à l’abri d’une orientation fondamentaliste

Publié le 18/03/2010




Bien que l’islam d’Indonésie soit par nature modéré, plusieurs facteurs peuvent favoriser le courant fondamentaliste en son sein.

Telle est l’opinion que Stanislas Reksosusilo, prêtre catholique de la congrégation des missions, a exposée dans une conférence donnée le 12 mars 1993 au grand séminaire de Malang, sous les auspices de l’Union catholique des étudiants. Parmi les facteurs susceptibles de favoriser le fondamentalisme musulman en Indonésie, le prêtre énumère les blessures laissées par les puissances occidentales chrétiennes et colonisatrices, le néo-féodalisme aujourd’hui dominant, l’écart économique entre une poignée de riches et la majorité de la population, les influences fondamentalistes d’autres pays d’Islam.

Les contacts de plus en plus étroits avec les pays arabes, l’impression que des puissances chrétiennes occidentales manipulent les Arabes pour leurs propres intérêts nourrissent un fondamentalisme lié au traditionnalisme arabe. Les influences arabes dans la culture indonésienne sont sensibles dans certaines domaines comme le costume des femmes ou la musique populaire.

Selon le P. Reksosusilo, la seule façon de faire barrage à la montée du fondamentalisme musulman en Indonésie est d’établir des relations sociales plurielles, d’appliquer la doctrine officielle des cinq principes (pancasila) (12) et de redonner force à l’engagement pris par la jeunesse indonésienne en 1928 et commémoré chaque année lors de la journée des jeunes : “un même pays, une même nation, une seule et même langue nationale”.

Dans le même temps, les intellectuels musulmans de culture arabe continuent d’accuser les islamologues formés en Europe et aux Etats-Unis de mettre les traditions en danger et d'”affaiblir la croyance des musulmans dans l’islam”. Au cours d’un séminaire réuni le 23 mars 1993 sur le thème : “Etude de la loi islamique et orientalisme”, l’un d’entre eux, Mu’ima Sirry, a dit que beaucoup d’intellectuels musulmans indonésiens se sentent inférieurs aux intellectuels occidentaux et acceptent sans critique leurs idées. “Les orientalistes européens n’étudient l’islam que pour en connaître les faiblesses. Les islamologues chrétiens étudient l’islam avec des arrière-pensées missionnaires. Les islamologues juifs émettent des idées et avancent des interprétations qui jettent le trouble dans la foi des musulmans”. Sirry a toutefois exprimé le regret que les intellectuels musulmans se soucient trop peu d’approfondir leur connaissance des autres religions.