DARUL ARQAM
Le Darul Arqam a été fondé par Muhammad Suhaimi, un javanais originaire de Wonosobo (Jawa Tengah). Ce personnage serait suivant ses disciples un descendant à la 33( génération de Mahomet et aurait reçu directement du prophète, dans la Kabah de la Mecque, les enseignements qu’il a consignés dans son livre intitulé “Awrad MuhammadiyahParti en 1972 d’un domaine de deux hectares et demi à Sungai Penehala, à 12 kilomètres de Kuala Lumpur (Malaysie), le Darul Arqam s’est développé dans plusieurs pays du Sud-est asiatique. En Indonésie, il s’est implanté dans la plupart des grandes villes de Java et de Sumatra. Il ne semble avoir été interdit que dans la province de Sumatera Barat où le conseil des oulémas a jugé que ses idées n’étaient pas conformes à l’enseignement de l’islam.
Les adhérents de ce mouvement gardent la barbe, portent une grande tunique grise et se coiffent d’un turban. Quant aux femmes, elles sont vêtues d’une longue robe de couleur foncée qui leur cache tout le corps, et ont la tête recouverte d’un tchador noir qui ne laisse voir que leurs yeux. Ils vivent en communauté, mangeant et priant ensemble, et s’adonnent à diverses activités professionnelles pour gagner leur vie. Ils peuvent se livrer à tout commerce qui ne soit pas en contradiction avec la loi islamique.
La stratégie d’action du Darul Arqam est celle du prophète Mahomet : on commence par faire un regroupement, composé uniquement d’hommes et de femmes musulmans, dans l’espoir que toute la région, par osmose, deviendra musulmane. Et quand la région entière sera acquise à l’islam, les autres régions seront conquises à leur tour et finalement tout le pays deviendra musulman. Il n’y aura plus alors de problème pour la conquête politique du pouvoir.
JAMAAH TABLIGH
Comme les adhérents du Darul Arqam, ceux du Jamaah Tabligh portent aussi la barbe et se vêtent de longues tuniques. Pour se laver les dents ils se servent d’une sorte de brosse à dents utilisée à l’époque du prophète, qu’on appelle siwak. Ils mangent par groupes, avec la main, en position accroupie, les fesses reposant sur le talon gauche (sunah nabi). Les idées maîtresses de ce mouvement peuvent se résumer en deux mots: le bayan et le khuruj… Le bayan est une sorte de conférence spirituelle qui est donnée après chaque sholat par l’un des membres du groupe. Le khuruj consiste à faire du prosélytisme en allant de maison en maison ou de mosquée en mosquée. Les membres de ce mouvement doivent consacrer au minimum quarante jours de leur vie pour aller porter la bonne parole. La plupart d’entre eux s’acquittent de leur mission en Indonésie, mais il en est aussi qui s’en vont à l’étranger, à leurs frais personnels. Pendant leur mission en Indonésie, ils marchent en général à pied en logeant dans les mosquées. Quand un fidèle réalise le khuruj ou bien le bayan, il est suivi par un autre membre de l’organisation qui lui sert de guide et lui indique les interdits auxquels il est soumis: il ne doit pas parler de politique, demander l’aumône, dire du mal des autres, critiquer le gouvernement, etc…
Le Jamaah Tabligh a été fondé à Saharnapun en Inde vers 1930 par le Syaikh Maulana Muhammad Ilyas (1887-1948), et aurait commencé à s’implanter en Indonésie en 1954 aux alentours de la mosquée de Kebon Jeruk (Jakarta). Suivant le chef de ce groupe, le mouvement n’est plus lié à son origine indienne, mais se développe aujourd’hui séparément en retenant le meilleur des enseignements du fondateur.
Ce mouvement aurait des adhérents dans les 26 provinces d’Indonésie et à Timor Oriental.
HIZB AL-TAHRIR
Le Hizb al-Tahrir, ou Parti de la liberté, fut fondé en 1953 au Liban par Al-Ustadz Taqiyyudin An Nahbani, homme politique réputé et juge au tribunal suprême de Jérusalem. Après s’être développé au Moyen Orient et spécialement en Jordanie, ce mouvement s’est introduit en Indonésie vers 1957 avec un certain succès, notamment dans les universités de Jakarta, Bandung, Surabaya, Yogyakarta. Ce mouvement apparaît assez ouvert, parce que ses membres ne sont pas tenus de porter la barbe ou de se vêtir d’un uniforme, et qu’ils n’ont pas d’interdits particuliers. Mais en réalité ses adhérents se disent volontiers fondamentalistes, parce qu’ils veulent imposer l’islam dans tous les rouages de la société et créer un état islamique. Ils considèrent que des organisations comme la Muhammadiyah et le Nadhlatul Ulama (1) ne sont pas de vrais mouvements de renouveau islamique, ces organisations ne visant, d’après eux, qu’à perfectionner le système d’enseignement et ne contribuant pas à créer une société islamique.