Eglises d'Asie

La dérive du système scolaire vietnamien vers le privé

Publié le 18/03/2010




La crise qui frappe l’éducation publique vietnamienne (22) depuis quelques années est en train de modifier profondément le système scolaire qui, progressivement, s’éloigne de l’idéal qui fut le sien durant les premières années du régime communiste. Après avoir été obligé d’abandonner le principe de la gratuité, l’Etat se voit contraint de laisser la place à l’initiative privée. Deux types d’écoles se développent aujourd’hui parallèlement à l’école publique, l’école semi-publique et l’école “fondée par le peuple”.

A vrai dire, à l’exception des écoles maternelles et des écoles pour enfants de la rue tenues par les religieuses, qui poursuivent un objectif caritatif, les écoles “fondées par le peuple” qui ont commencé à fonctionner à Hô Chi Minh-Ville ressemblent de plus en plus à des écoles privées. Leurs visées sont en grande partie économiques et elles affichent publiquement un certain nombre d’inégalités dont certains se scandalisent ouvertement.

Ces écoles “fondées par le peuple” se caractérisent par un certain nombre de traits communs. Elles sont généralement fondées par des collectivités qui jouissent d’un certain nombre de privilèges. L’une d’entre elles, l’école primaire Thang Long, est patronnée par l’Institut militaire; une autre, “l’école de formation pour les élèves doués”, installée dans la maison de la culture des enfants, a été fondée par la faculté de pédagogie. La contribution financière apportée par les parents d’élèves est particulièrement importante. Pour l’année 1992-93, les frais scolaires les moins élevés étaient de 80 000 dôngs par élève (7,58 dollars américains). Les professeurs y sont engagés par contrat et jouissent de traitements que leur envient leurs confrères de l’enseignement public.

Les écoles semi-publiques appartiennent toujours à l’Etat, mais leur gestion en tous les domaines est laissée à un directoire privé. Les frais scolaires y sont moins importants que dans les écoles fondées par le peuple, mais encore trop élevés pour la majorité des parents. Les élèves doivent payer de 18 000 à 35 000 dôngs par mois. Par ailleurs, le niveau des études y est souvent faible. Ces écoles sont aujourd’hui la cible de nombreuses critiques émanant de certains milieux qui n’admettent pas que l’on puisse s’enrichir avec des biens appartenant à l’Etat.