Eglises d'Asie

La basilique de Chon Jin Am plongera ses fondations dans la mémoire des chrétiens de Corée

Publié le 18/03/2010




A quelques kilomètres à peine de Séoul, des collines ont été rasées et des ravins vont être comblés pour préparer en pleine région de montagne l’esplanade sur laquelle sera érigée une basilique à la mémoire des fondateurs de l’Eglise de Corée. C’est là qu’au dix-huitième siècle se réunissaient quelques jeunes nobles, conscients de l’impasse dans laquelle était arrivée la société confucéenne de leur époque et en quête de la vérité. Le nom du lieu: Chon Jin Am signifie “ermitage de la vérité du ciel”. Les tombes de cinq d’entre eux, dont celle de Jean-Baptiste Yi Byok, qui est considéré comme leur chef, sont là, à flanc de montagne, et les pèlerins viennent nombreux depuis qu’y a été bâti un carmel où prient aujourd’hui une vingtaine de religieuses. Mais le site a pris une autre dimension depuis que l’Eglise catholique a acquis là, pour la construction d’un vaste complexe, un domaine de soixante-six hectares qui s’étend sur sept vallées.

Le Père Pierre Byun, du diocèse de Suwon, qui a été chargé d’imaginer et de créer la basilique, est toujours prêt à partager son enthousiasme. Il veut que ce sanctuaire soit l’oeuvre de tout le peuple chrétien de Corée et pas seulement celle de quelques riches donateurs: “Même si cela doit prendre cent ans, c’est avec l’argent du peuple que nous devons construire cet édificedit-il. Il faut que tous les chrétiens de Corée trouvent ici leurs racines spirituelles, puissent venir s’y ressourcer dans la foi de leurs ancêtres et des martyrs. Le catholicisme fait partie de l’héritage culturel du peuple coréen et il est l’un des ciments de la nation.

Le dernier projet sur lequel les architectes travaillent est un édifice de deux cents mètres de long sur cent cinquante de large et haut de quatre-vingt-cinq mètres. Il n’est pas encore finalisé et les plans sont toujours dans les cartons. Le P.Byun a visité les vieilles cathédrales de l’Europe et ses grands sites de pèlerinage pour y puiser de l’inspiration, car c’est aussi dans cette tradition qu’il voudrait que s’inscrive la basilique de Chon Jin An.

En Corée même, le P.Byun en convient, tout le monde n’est pas d’accord sur l’ampleur du projet, même dans les rangs de l’épiscopat. Il n’en garde pas moins une foi inébranlable en sa vision: “Je mourrai sans doute avant que la basilique ne soit sortie de terre, mais elle se fera“.

En plus de la basilique dont la construction pourrait durer de nombreuses années, le site de Chon Jin Am abritera un institut de théologie où l’on cherchera à adapter la théologie à l’esprit et à la mentalité du pays, un musée qui rassemblera les souvenirs, objets, reliques…transmis par la tradition chrétienne, une maison pour les fidèles en quête d’un lieu de calme pour la prière. L’institut de spiritualité coréenne qui fera pârtie du complexe a déjà été construit et travaille à des travaux de traduction.