Eglises d'Asie

Le cardinal intervient de nouveau en faveur des squatters

Publié le 18/03/2010




Dans une lettre envoyée le 9 mai 1993 au président Ramos, le cardinal Sin, archevêque de Manille, a de nouveau demandé la suppression du “décret présidentiel n°772”, promulgué au temps de Ferdinand Marcos, qui a fait de toute occupation illégale de terrains urbains un délit punissable en justice.

Nous qui sommes la seule nation catholique d’Asie, dit le cardinal, nous sommes le seul pays qui considère les squatters comme des criminels. Il ne s’agit pas de nier le droit de propriété privée. Mais celle-ci est amplement protégée par la loi civile. Le décret 772 pénalise les victimes d’une société qui n’a pas réussi à se doter d’un système efficace de distribution des terrains urbains, ni à protéger le droit des pauvres à une habitation décente”.

Déjà, le 5 décembre 1992 (5), le cardinal Sin avait vivement critiqué la manière dont le gouvernement ne cessait d’invoquer le décret 772 pour tourner la loi de 1992 sur le développement urbain et le problème du logement. Il rappelle de nouveau que l’Eglise considère que les pauvres ont eux aussi droit à un logement décent: “La spéculation sur les terrains a fait monter les prix, désormais inabordables pour les pauvres”. La législation de 1992, qui est bonne, reste sans effet, parce que le gouvernement n’a pas les moyens de porter remède à la situation. “Lorsqu’il n’y a pas d’autre solution, l’occupation par les pauvres de terrains publics ou privés inutilisés n’est pas immorale ; elle ne doit pas être rendue illégale, il ne faut pas en faire un délitLe cardinal cite à ce sujet le deuxième concile plénier des Philippines (6): “La propriété privée est soumise à la destination universelle des biens et doit être utilisée en accord avec elle. Lorsqu’il s’agit de procurer des logements aux pauvres, si, malgré tous les efforts accomplis, le système de distribution des terrains reste inefficace, l’hypothèque sociale (7) sur la propriété privée s’applique à toute propriété, qu’elle soit publique ou privée”. “Tant qu’elle n’a pas honoré cette hypothèque sociale, conclut le cardinal Sin, la validité morale d’une propriété peut être mise en doute, quoi qu’il en soit des titres de propriété”.