Eglises d'Asie

Libération du Père Tran Dinh Thu

Publié le 18/03/2010




Le P.Tran Dinh Thu, fondateur et supérieur général de la congrégation vietnamienne de Marie co-rédemptrice a été libéré sans condition, le 18 mai à quatre heures de l’après midi, après six ans de détention. L’ordre de levée d’écrou était signé du premier ministre, Vo Van Kiêt.

Le P.Tran Dinh Thu, aujourd’hui âgé de 87 ans, avait été arrêté une première fois après le changement de régime. Les autorités ne le libérèrent qu’après deux ans de réclusion. Il fut de nouveau arrêté, le 20 mai 1987, quelques jours après que les forces de police eurent fait intrusion dans le monastère de Thu Duc où s’était regroupée la congrégation. Ayant appris que la police avait pénétré dans le couvent et s’était emparé des biens des religieux, en particulier d’une réserve de vingt tonnes de riz, la population catholique des paroisses environnantes accourut pour défendre les religieux et s’opposa directement aux forces de l’ordre avec des armes de fortune. Trois agents de la sûreté furent sévèrement blessés au cours de cet affrontement qui dura plusieurs jours. Après l’affaire, vingt religieux furent arrêtés ainsi que des dizaines de laïcs ayant participé à la défense du monastère (8).

Le procès du P.Thu, de quatorze membres de la congrégation et de huit laïcs eut lieu quatre mois après leur arrestation, en octobre 1987. Un premier jugement condamnait le supérieur et le frère Nguyên Châu Dat à la prison à perpétuité. Les vingt-et-un autres accusés étaient condamnés à des peines allant de quatre à vingt ans de prison (9). Devant l’indignation de l’opinion internationale, la peine de réclusion perpétuelle infligée au supérieur et au frère Nguyên Chau Dat était ensuite commuée en vingt ans de prison.

Au témoignage de tous, le P.Thu a fait preuve, durant sa détention, d’une très grande dignité. Ces dernières années, de nombreuses interventions ont été faites en sa faveur par des organisations internationales ou des personnalités en visite au Vietnam. A plusieurs reprises, le religieux a refusé les propositions de libération qui lui étaient faites plutôt que d’accepter les conditions qui les accompagnaient. Il lui était demandé en particulier de se reconnaître coupable publiquement.

Après la libération de leur supérieur, le frère Nguyên Châu Dat et onze autres religieux de la congrégation sont encore détenus. Les bâtiments du monastère n’ont pas encore été rendus à la communauté. Les autorités ont seulement promis d’étudier la question.

Malgré les libérations récentes, des prêtres et des religieux vietnamiens sont encore en détention au Vietnam. Parmi eux, il faut signaler le P.Nguyên Van Dê, du diocèse de My Tho, arrêté en 1987, condamné à dix ans de prison en 1990 pour avoir lancé au Vietnam « le mouvement sacerdotal marial », jugé réactionnaire par les autorités. Au même procès et pour les mêmes raisons avaient aussi été condamnés le P.Nguyên Van Mân et la soeur Nguyên Thi Nhi (10).