Dans toute l’agglomération de Manille, le courant électrique est coupé chaque jour parfois jusqu’à huit heures d’affilée. Il s’ensuit une grave crise économique et sociale. A cause des coupures d’électricité, l’industrie et le commerce ont perdu l’équivalent de cinq milliards de francs au cours du premier trimestre de 1993 et plus de trois millions de travailleurs ont été privés de travail ou ont dû accepter des réductions de salaires importantes. Les services gouvernementaux du développement économique ont été contraints d’abaisser de 4,5% à 3,5% les prévisions d’augmentation du produit national brut pour la période 1993-1998.
M.Pablo Malixi, ancien président de la compagnie d’électricité, voit plusieurs causes à une telle solution : l’interruption, en 1984, par le gouvernement Marcos, du projet de construction de deux usines géo-thermiques ; plusieurs décisions malheureuses de l’administration Aquino après 1986 ; l’absence d’une véritable politique chez les responsables de la compagnie nationale d’électricité ; sans compter les pannes fréquentes de centrales électriques trop âgées, poussées à bout.
Une journaliste catholique décrit les effets : “L’obscurité s’est étendue sur le pays, des ténèbres qui enfantent l’anarchie, la corruption, la violence, la pornographie, la prostitution enfantine, l’oppression, l’injustice”.
Dans un article de la revue National renewal de juin 1993, Mgr Teodoro Bacani, évêque auxiliaire de Manille, déplore l’absence de réaction de la population :”Nous nous sommes endormis. Les ennuis causés par les pannes d’électricité ne nous mettent plus en colère, comme nous l’étions devant les excès de l’ère Marcos. C’est une minorité influente qui est la cause des souffrances endurées par la grande majorité. Celle-ci, à cause de son ignorance ou par négligence, subit les effets de l’incompétence et du mauvais vouloir de quelques-uns.” Il invite à rechercher “la solution spirituelle au problème physique des pannes d’électricité dans une mobilisation de nos énergies et dans les pressions que nous exercerons sur les responsables, pour les obliger à faire leur travail et à le faire bien”.
