Eglises d'Asie

Timor occidental : des chrétiens des minorités recensés comme animistes

Publié le 18/03/2010




Les autorités ecclésiastiques et des fonctionnaires locaux protestent contre une instruction du gouvernement central qui ordonne d’inscrire comme adeptes de l'”Aliran Kepercayaan” (4), tradition animiste javanaise, 573 Timorais, dont 552 seraient en réalité catholiques.

Informé de l’existence de vingt-et-une communautés des minorités de Timor occidental qui conservent des pratiques religieuses ancestrales, le ministre de l’enseignement et de la culture a ordonné de les enregistrer comme animistes. N’étant pas considérées comme une religion, les traditions de l’ Aliran Kepercayaan” ont en effet été placées par le gouvernement sous l’autorité du ministère de l’enseignement et de la culture, chargé de préserver le patrimoine culturel. Les adeptes de ces traditions n’ont pas le droit d’édifier des lieux de culte et certains de leurs rites, comme les mariages, ne sont pas admis légalement. En revanche, plusieurs de leurs coutumes, liées à l’animisme, sont à conserver au titre du patrimoine et le bureau local du ministère de l’enseignement a reçu instruction de les promouvoir.

Mais les autorités ecclésiastiques affirment que les chefs des vingt-et-une communautés sont des catéchumènes et que 552 de leurs membres sont déjà catholiques. Le père Jacobus Bura, de la société du Verbe divin, chargé de la paroisse Sainte-Thérèse de Kefamenanu, capitale du district où vivent ces minorités, a vigoureusement protesté contre la décision administrative. “Elle donne l’impression, dit-il, que le gouvernement a décidé de retirer des catholiques de l’Eglise dont ils sont membres “.

Silvester Kendjam, catholique, représentant local des affaires culturelles et catholique, a fait part à Mgr Anton Pain Ratu, évêque d’Atambua, du dilemme où il est enfermé: “L’instruction à laquelle je dois obéir comme fonctionnaire me demande d’inciter 573 personnes, dont la plupart sont catholiques, à revenir à des rites ancestraux auxquels elles ont renoncé.

Le chef du district, Anton Amaunut, lui aussi catholique, a refusé l’enregistrement de catholiques comme adeptes du culte traditionnel. Il a également rappelé aux gens que “les rites traditionnels ne peuvent être observés qu’à titre de souvenir culturel, pas comme des rites religieuxet que les objets dont se servaient autrefois les ancêtres pour leurs cérémonies religieuses “peuvent seulement être conservés pour leur valeur d’héritage historique

Mgr Ratu a menacé d’excommunication les fonctionnaires catholiques et les catholiques appartenant aux minorités ethniques qui voudraient poursuivre l’exécution de ce programme. “Cessez de devenir catholiques si vous voulez suivre l'”Aliran Kepercayaanleur a-t-il dit. La tradition et l’enseignement de la foi catholique n’admettent pas le recours au sang des poulets ou des porcs, les prières aux ancêtres et aux esprits, bons et mauvais, comme la religion locale le pratique

La loi indonésienne oblige tous les citoyens à s’inscrire dans l’une des cinq religions reconnues (islam, bouddhisme, hindouisme, protestantisme et catholicisme). Cependant les chiffres du ministère des affaires religieuses classent environ trois pour cent des individus comme adeptes de croyances traditionnelles.