Eglises d'Asie

Le gouvernement prépare un projet de loi qui séparerait religion et politique

Publié le 18/03/2010




Le gouvernement fédéral indien se propose de présenter au parlement, au cours de la session de juin-juillet 1993, un projet de loi visant à établir une claire distinction entre religion et politique. Il s’agit en fait de renforcer les lois existantes concernant les activités illégales dans les campagnes électorales. On veut en outre donner une définition claire et qui ne prête pas à des conflits d’interprétation du terme “séculier” ou “laïque” contenu dans le préambule de la constitution. Le but est d’empêcher les gens de jouer sur les mots de “démocratie laïque” et de rendre illégale toute discrimination basée sur des critères religieux.

La législation envisagée s’inspire des principes suivants:

1) L’Etat prendra les moyens nécessaires pour séparer religion et politique. Pour cela, toute organisation se recrutant selon des critères de religion, de caste ou de race sera interdite d’activités politiques.

2) Les organisations qui désirent s’engager dans l’action politique ne seront autorisées à faire profession d’aucune religion; elles ne pourront ni pratiquer ni propager une religion.

3) Ces organisations devront montrer un égal respect pour toutes les religions.

4) Elles ne devront pas favoriser une religion au détriment d’une autre.

Les auteurs du projet de loi désirent renforcer le respect des droits fondamentaux des individus. Ils se défendent de vouloir s’opposer à la liberté de religion. Selon eux, grâce à ce projet, le gouvernement se donnerait le moyen de bannir les organisations qui mettraient en danger la souveraineté, l’unité, l’intégrité de l’Inde ou qui encourageraient des sentiments d’inimitié ou de haine entre différentes classes de citoyens. Des candidats qui, avant les élections, auraient montré une propension à mêler politique et religion pourraient se voir disqualifiés.

En fait, le projet de loi vise en premier lieu les partis d’extrême-droite, tant hindous que musulmans. A la suite de la destruction de la mosquée d’Ayodhya (2), le 10 décembre 1992, plusieurs organisations liées à ces partis ont été déclarées illégales. Or il a été fait appel de ces décisions gouvernementales et des jugements qui viennent d’être prononcés par diverses juridictions, en particulier à Delhi et à Allahabad (Uttar Pradesh), les ont annulées à l’égard de deux associations hindoues, le RSS (“Rashtriya Swayamsevak Sangha”) et BD (“Bajrang Dal”), qui ont repris leurs activités. Deux autres organisations, le “Vishwa Hindu Parishad” (hindou) et l'”Islamic Seva Sangh (musulman), restent interdites.