Eglises d'Asie

Une fois de plus des évêques réagissent vigoureusement contre l’ouverture de casinos

Publié le 18/03/2010




On croyait l’affaire terminée à Cagayan de Oro (Mindanao) (8). Elle ne l’était pas. La PAGCOR (9) l’a portée devant le tribunal qui vient de lui donner raison. Le casino de l’hôtel Pryze a été rouvert.

C’est pourquoi le 15 juin 1993 l’archevêque, Mgr José Tuquib, a pris la tête d’une manifestation qui a rassemblé plusieurs milliers de personnes afin de protester contre la décision du tribunal. Avec lui ont défilé ses proches collaborateurs, Mgr Rey Monsanto et Mgr Rodolfo Roa, ainsi que des responsables civils et des leaders musulmans de la ville.

Déjà, le 8 juin, pour la même raison, cinq mille manifestants s’étaient regroupés devant la cathédrale. Une lettre fut envoyée au président Ramos au nom des huit cent mille catholiques de l’archidiocèse. “Nous sommes complètement frustrésdit Mgr Roa, président du comité diocésain d’action contre le casino. “M. Ramos semble avoir oublié ses propres déclarations. N’a-t-il pas promis que des casinos ne pourraient s’ouvrir que là où la population les accepterait

De son côté, le maire de la ville, M.Pablo Magtajas, se dit prêt à étudier la possibilité d’ordonner la fermeture pure et simple de l’hôtel Pryze. Le sénateur Pimentel attend le résultat d’une pétition envoyée par lui à la Cour d’appel de Manille dans laquelle il demande à la Cour de reconsidérer sa décision autorisant la PAGCOR à ouvrir des casinos où elle voudrait dans le pays.

A Baguio, dans l’île de Luçon, le vicaire apostolique, Mgr Ernesto Salgado, a publié le 16 mai une lettre pastorale qui dénonce la décision du conseil municipal de rouvrir un casino (détruit lors du tremblement de terre de juin 1990) dans un des plus grands hôtels de la ville, ainsi que l’entêtement de la PAGCOR à ignorer les desiderata d’une partie importante des habitants. Ici encore, on rappelle la promesse du président Ramos, en octobre 1992, de ne pas autoriser la réouverture du casino si la population locale s’y opposait. Or, à la date du 22 mai de cette année, trois mille personnes, catholiques et protestants, avaient déjà signé une pétition réclamant la fermeture de toutes les maisons de jeu.

Mgr Salgado raconte comment des officiels de la PAGCOR lui ont dit qu’il peut “continuer de prêcher et de sermonner à longueur de journée, mais qu’il ne doit pas faire descendre les gens dans la rue”. Mais, dit l’évêque, “nous sommes prêts à convoquer un énorme rassemblement”.

Les officiels qui militent en faveur de la réouverture du casino pensent qu’il attirerait de nombreux visiteurs dans cette région sinistrée par le tremblement de terre de 1990. Mais, dit Mgr Salgado, “la seule raison qui puisse justifier l’ouverture d’un casino à Baguio, c’est l’argent: ce n’est pas bon. Baguio avait moins de problèmes quand il y avait moins d’argent”.

Déjà en janvier 1993, les évêques du nord de l’île de Luçon avaient publié une lettre pastorale commune contre le jeu. En février 1993, Mgr Pedro Dean, évêque de Palo dans les Visayas orientales, les imitait, suivi du cardinal Sin à Manille et de Mgr Jose Manguiran, évêque de Dipolog, à Mindanao.