Eglises d'Asie

Le Haut-commissariat aux réfugiés envisage de nouvelles mesures pour vider les camps de Hongkong

Publié le 18/03/2010




De récentes déclarations du Haut-commissariat aux réfugiés laissent entendre que l’organisme des Nations Unies est décidé à poursuivre ses efforts pour rendre encore plus intolérable la vie dans les camps de réfugiés de Hongkong (24) et favoriser ainsi le rapatriement “volontaire” de leurs pensionnaires. Ainsi, M. Christopher Carpenter, délégué du Haut-commissariat à Hanoi a déclaré : “Des compressions du budget destiné aux services des pensionnaires des camps ont été décidées pour que ces derniers puissent prendre leur décision avant un certain délai” (25). Pour sa part, Robert Leeuwen, chef de mission à Hongkong a affirmé qu’il ne fallait pas “créer une communauté artificielle en détention” et que l’organisme dont il est responsable allait réviser en baisse le financement qu’il assure dans les camps de réfugiés de Hongkong. Il a aussi annoncé que la prime de 360 dollars donnée aux demandeurs d’asile, volontaires pour le rapatriement, pourrait être réduite si ceux-ci tardaient trop à se décider.

Par ailleurs, le chef de mission du Haut-commissariat à Hongkong a exhorté le gouvernement du territoire à intensifier son programme de rapatriement forcé. Il lui a demandé de négocier avec le Vietnam afin de donner “un plus grand débit” (26) au programme de rapatriement ordonné. On ne peut s’empêcher de remarquer combien ce langage est différent de celui que le Haut-commissariat tenait encore en 1989, à la Conférence de Genève, lorsqu’il refusait absolument toute idée de rapatriement forcé.

Il semble que ce renforcement de la pression exercée sur les pensionnaires des camps de Hongkong soit motivé par la résistance que ces derniers opposent au rapatriement volontaire. Certes, plus de trente mille demandeurs d’asile ont désormais quitté le territoire de Hongkong, dans le cadre du programme de rapatriement volontaire. Le 7 juillet 1993, ils étaient 265 à s’embarquer pour Hanoi. Cependant, les autorités considèrent que le rythme des départs faiblit. Alors que 790 Vietnamiens, demandeurs d’asile en Thaïlande, ont été rapatriés au mois de juin 1993, il n’y en a eu que 535 pour la même période à Hongkong (27).

Les mesures draconiennes prises contre eux à Hongkong et en d’autres pays du Sud-est asiatique poussent désormais les boat-people vietnamiens vers des rivages plus accueillants. Ainsi, trente-huit Vietnamiens fuyant leur pays à destination du Japon ont été recueillis par des garde-côtes de Taïwan (28), le 4 juillet 1993, après que le moteur de leur embarcation fût tombé en panne. Les réfugiés, 26 hommes et 12 femmes, avaient quitté Hai Phong au Nord-Vietnam le 15 juin précédent. Selon le porte-parole des garde-côtes, à la requête des boat-people qui désiraient continuer leur voyage vers le Japon, le bateau vietnamien a été réparé, réapprovisionné et ensuite remorqué vers la haute mer.

A Hongkong, où jusqu’à 1991 l’afflux des réfugiés vietnamiens avait été particulièrement important, on n’a enregistré que très peu d’arrivées durant l’année 1992 et la première moitié de 1993. Au début du mois de mai 1993, trois Vietnamiens, deux femmes et un homme, ont abordé à Hongkong. Ils ont été aussitôt placés par la police dans un camp et soumis à la procédure abrégée de sélection. Selon les autorités de la colonie britannique, c’étaient les premiers réfugiés “par voie maritime” depuis décembre 1991. Les derniers à rejoindre Hongkong l’ont fait en octobre 1992 par voie terrestre.