Eglises d'Asie

Un mémorandum au représentant du Saint-Siège risque de ranimer une querelle dans l’Eglise syro-malabar

Publié le 18/03/2010




Un “Comité d’action liturgique” de l’Eglise syro-malabar a récemment remis à Mgr Mar Abraham Kattumana, délégué pontifical auprès de cette Eglise de rite oriental récemment déclarée autonome (6), un mémorandum qui présente la liturgie telle que de nombreux chrétiens désirent la voir évoluer. Ce groupe, composé de laïcs, est en fait encouragé par la majorité des évêques du même rite.

Selon le texte remis au représentant du Saint-Siège, les deux rites, chaldéen et latin, sont également étrangers en Inde. Le premier ne serait pas théologiquement sûr, car il aurait subi des influences nestoriennes. “La tradition de l’Eglise syro-malabar est à trouver dans la “Loi de Saint Thomas”, qui disparut au moment de l’intrusion des rites chaldéen et latin dans l’Eglise syro-malabarexplique le mémorandum.

Deux groupes, l’un réformateur, l’autre conservateur, s’opposent au sein de cette Eglise. Les premiers voudraient améliorer la liturgie de la messe telle qu’elle existe actuellement et telle qu’elle a été approuvée par le Saint-Siège, “ad experimentum” jusqu’en 1994. Selon le texte présenté à Mgr Kattumana, avant 1962, l’Eglise syro-malabar utilisait une liturgie chaldéenne “latinisée”, en langue syriaque. Après le concile, Rome lui demanda de revenir à la liturgie d’avant l’arrivée des Portugais (début du 16ème siècle). Mais le processus de retour en arrière a soulevé bien des difficultés. Et beaucoup désirent que des mises au point soient effectuées, des erreurs corrigées, et que l’on modernise une liturgie qui date par trop. Quant aux conservateurs – les évêques qui les soutiennent sont en minorité – ils veulent revenir à l’observation stricte de la liturgie pré-portugaise.

Le mémorandum, imprimé et distribué gratuitement, invite le Saint-Siège à admettre que la tradition de l’Eglise syro-malabar n’appartient ni aux Chaldéens ni à l’Occident, mais qu’elle est indienne du Kerala ! Il réclame de plus la suppression des prières et des coutumes d’origine nestorienne, ainsi qu’un examen approfondi des livres de théologie, de liturgie et de catéchèse. Les auteurs veulent encore la fermeture des instituts qui enseignent la liturgie chaldéenne. Ils exigent enfin une enquête approfondie sur le “lavage de cerveaux” dont seraient victimes certains chrétiens, en particulier des religieuses, dans les diocèses dits “prochaldéens”.