Eglises d'Asie

Une mission humanitaire dans une vallée occupée par des aborigènes a été interdite par les militaires

Publié le 18/03/2010




A la mi-mai 1993, une mission humanitaire composée de prêtres, de séminaristes, d’infirmières, d’instituteurs et de travailleurs sociaux, a été refoulée par les militaires chargés du maintien de l’ordre dans la vallée de la Marag, au nord de l’île de Luçon.

Cette vallée est le territoire traditionnel des Aggays et des Isnegs, deux ethnies importantes de la région. La rébellion y sévit depuis le début des années 80 et beaucoup d’habitants ont été obligés de fuir la région.

Le groupe d’action humanitaire, qui appartient à l’organisation non gouvernementale du nord de Luçon, “Sarai Ti Umili Iti Amanan”, avait déjà exploré le terrain et obtenu la permission de l’armée. La population locale avait été préparée à l’arrivée des travailleurs sociaux. Tous les obstacles semblaient avoir été levés. Or, à la mi-mai, les militaires informaient les responsables, le P. Artemio Luaton et la soeur Helen Ojario, que la mission ne pourrait avoir lieu, sinon sous la protection de l’armée: “Pas de protection militaire, pas de mission humanitaire”, était le message. Il semble en fait que l’armée voulait profiter de cette visite pour infiltrer la population locale, tout en surveillant les travailleurs sociaux soupçonnés de faire de la propagande en faveur des rebelles communistes.

Les aborigènes de la région ont surtout peur de l’armée. A l’origine, celle-ci était venue dans le but de protéger les intérêts des ethnies locales, en particulier contre l’abattage illégal des arbres. Mais, en 1990, l’armée s’est rendue coupable de graves exactions : destruction de maisons, de propriétés, de récoltes. Des milliers de personnes ont été obligées de s’enfuir et les morts, parmi lesquels beaucoup d’enfants, furent nombreux.