Eglises d'Asie

Contrôle des naissances: les évêques durcissent leur position vis-à-vis du gouvernement

Publié le 18/03/2010




Dans une lettre adressée le 16 août 1993 au président Fidel Ramos, Mgr Nestor Carino, secrétaire général de la conférence épiscopale, refuse son invitation à une rencontre de conciliation: “la CBCP (“Catholic Bishops’ Conference in the Philippines”) a décidé de repousser la rencontre prévue à une date ultérieure, à un moment plus opportun et lorsque le climat sera devenu favorable”.

De son côté, le président de la CBCP, Mgr Jesus Varela, évêque de Sorgoson, explique: “Nous avons, dans la prière, essayé de comprendre les événements récents. Nous avons consulté de nombreuses personnes ainsi que diverses organisations bien au fait de ces problèmes. Nous sommes arrivés à la conclusion que le moment n’est pas encore venu pour un tel dialogue… Lorsque le climat sera devenu favorable, nous participerons volontiers à des échanges”.

Le 1er août 1993, M. Fidel Ramos avait adressé à la conférence épiscopale une lettre invitant les évêques à le rencontrer le 19 du même mois afin de discuter les problèmes soulevés par la politique familiale du gouvernement philippin et de mettre fin à la controverse qui oppose depuis plusieurs mois celui-ci à l’Eglise catholique (11). Mgr Bacani, évêque auxiliaire de Manille et président de la commission épiscopale pour les affaires publiques, a rencontré M. Ramos le 6 août 1993 ; mais les interlocuteurs n’ont pu parvenir à un accord. L’un et l’autre ont cependant reconnu la gravité de la situation.

Le 13 juillet 1993, une lettre pastorale avait été publiée, dans laquelle les évêques accusaient la politique gouvernementale de mettre en danger la famille philippine. Ils écrivaient aussi: “Cette campagne tonitruante en faveur de la contraception et de la stérilisation, sépare deux aspects (inséparables) de l’acte conjugal: l’expression de l’amour et la transmission de la vie : ceci est contraire à la volonté de Dieu”.

Derrière le refus des évêques s’exprime aussi leur conviction que le gouvernement obéit aux diktats venus des Etats-Unis par l’intermédiaire du Fonds monétaire international et de la Banque mondiale. Ces deux organisations exigeraient, avant d’accorder des prêts aux pays, que des actions précises soient accomplies en vue d’une réduction du nombre des naissances. Pour la même raison, le Conseil des laïcs des Philippines a de son côté demandé aux évêques de ne pas participer au dialogue proposé par le gouvernement.

Selon des statistiques récentes de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), 36% seulement des couples philippins pratiquent le contrôle des naissances. La moitié d’entre eux utilisent les méthodes naturelles acceptées par l’Eglise. L’OMS se préoccupe particulièrement de la santé des mères : 25% d’entre elles ne recevraient aucun soin pré-natal et près de la moitié des naissances se dérouleraient en dehors de toute surveillance médicale sérieuse. La mortalité maternelle au moment des accouchements ou aussitôt après serait de 90 pour 100 000. La plupart de ces décès pourraient être évités si des soins convenables étaient assurés.