Eglises d'Asie

Le gouvernement repousse sine die le vote sur la séparation de la religion et de la politique

Publié le 18/03/2010




Le gouvernement du Congrès renonce pour le moment à présenter au parlement indien deux projets de loi qui visaient à empêcher l’utilisation de la religion dans le débat politique (9), en particulier au moment des élections. Accusé de “faire de la politique” à propos de la religion, il a repoussé “sine die”, le 24 août, la présentation des projets de loi au parlement. S’ils avaient été votés, tout candidat ou élu convaincu d’avoir utilisé la religion dans le but d’obtenir des avantages politiques aurait été disqualifié. Auraient aussi été interdits tous les partis portant des noms à résonnance religieuse.

En fait, dès le début, le gouvernement s’est heurté à la très vive résistance de plusieurs partis d’opposition, spécialement du Parti du peuple indien (BJP). Celui-ci est accusé, avec les organisations fondamentalistes hindoues qui lui sont liées, d’avoir provoqué la démolition de la mosquée d’Ayodhya le 6 décembre 1993 (10). On le rend responsable des émeutes qui aussitôt après ont fait plusieurs milliers de morts à travers toute l’Inde.

Après le drame d’Ayodhya, New Delhi a ordonné la dissolution des gouvernements de quatre Etats du nord de l’Inde contrôlés par le BJP. De nouvelles élections doivent avoir lieu dans ces Etats au mois de novembre 1993. Le BJP accuse le Congrès de vouloir manipuler la constitution pour gagner ces élections régionales. De son côté, le gouvernement assure n’avoir d’autre intention que de “prévenir un autre Ayodhya”.

Il est affligeant de voir des hommes politiques refuser de séparer la religion de la politiquecommente le P.George Pereira, secrétaire général adjoint de la conférence épiscopale. ” Le ‘communalisme’ va continuer de se répandre dans le pays”.

Le P.Walter Fernandes s.j., sociologue, pense que “sans nouvelles mesures législatives, les partis vont continuer d’utiliser la religion dans des buts politiquesmais reconnaît aussi que les lois projetées, bien imparfaites, n’auraient pu suffire : “Ce qu’il faut aujourd’hui, c’est travailler au développement social et éduquer l’opinion publique sur cette question. Il faut dire aux gens qu’en mêlant politique et religion, ils mettent le pays en danger de se désintégrer”.

De son côté, explique M.Madan Lal Kumar, secrétaire général du BJP, “il est impossible, dans un contexte indien, de séparer la religion de la politique. Ce serait arracher à l’Inde son âme”. Mais le parti du Congrès se promet de rouvrir le débat sur le plan national, afin de “combattre l’empoisonnement de la politique par la religion”.