Eglises d'Asie – Indonésie
Des Eglises trop proches du pouvoir risquent de perdre leur rôle prophétique
Publié le 18/03/2010
Prenant la parole au cours du séminaire sur les religions organisé à Cisarua du 12 au 18 septembre 1993 par la Communion des Eglises d’Indonésie, le Révérend Zakaria Z. Ngelow, professeur à l’institut protestant de théologie de Ujung Pandang, a accusé la théologie du développement adoptée par les Eglises indonésiennes de les avoir conduites à coopérer sans esprit critique avec le gouvernement. Si les chrétiens ont raison d’être fiers de leurs nombreuses contributions à l’unité nationale, les Eglises comme institutions religieuses devraient mettre quelque distance entre elles et l’idéologie de l’Etat.
Depuis l’ère de la colonisation hollandaise, pense le Révérend Ngelow, les Eglises indonésiennes ont été conformistes, voire serviles, à l’égard du gouvernement, essayant toujours de maintenir d’étroites relations avec les hommes au pouvoir à travers quelques personnalités chrétiennes des classes dirigeantes.
Le théologien protestant voudrait aussi que les Eglises d’Indonésie révisent la position théorique désuète qui les maintient en confrontation avec l’islam. Les chrétiens devraient plutôt entamer avec les musulmans un dialogue et une coopération dans des causes humanitaires, sur la base de leur commune morale religieuse. La position théorique des Eglises remonte à 1945, quand les hommes politiques chrétiens s’allièrent avec les forces qui voulaient empêcher les islamistes de faire de la république naissante un Etat islamique. Les nationalistes l’emportèrent et les cinq principes (pancasila) devinrent l’idéologie officielle. Selon le Révérend Ngelow, les forces socio-politiques de l’islam se sont adaptées au pancasila, surtout depuis vingt-cinq ans, sous l’ère de l’Ordre nouveau du président Soeharto. Les Eglises devraient s’en aviser et les chrétiens, prendre l’initiative de la réconciliation.