Eglises d'Asie

L’armée accuse les Vietnamiens en exil d’être les instigateurs des troubles bouddhistes.

Publié le 18/03/2010




Dans un article paru le 9 août 1993 (14), le quotidien de l’armée vietnamienne, « Quân Dôi Nhân Dân » répond à la campagne pour les droits de l’homme au Vietnam qui s’est développée dans plusieurs pays à l’occasion des récents troubles bouddhistes. Le journal s’en prend « à certains groupes religieux qui, encouragés et menés par des Vietnamiens réactionnaires à l’étranger, profitent de la faiblesse des autorités actuelles, de leur négligence et de leurs erreurs pour calomnier la politique religieuse du Parti et de l’Etat ».

« En accusant le Vietnam de violer les droits de l’homme, les bouddhistes vietnamiens réactionnaires, particulièrement aux Etats-Unis, en France et en Australie (15), ne défendent pas les intérêts de leur religion mais nourrissent des ambitions personnelles et des desseins politiques visant à renverser le parti communiste » écrit le journal. Selon le journal, si les attaques des ennemis du régime utilisent les droits de l’homme et la religion, c’est parce que le succès du développement économique et les investissement massifs au Vietnam les ont forcés à changer de stratégie. Les questions religieuses ne sont pour eux que des armes qu’ils utilisent dans leur lutte contre le régime actuel.

Pendant ce temps, à l’étranger le Bureau international d’information bouddhiste diffuse un certain nombre de nouvelles concernant les religieux récemment arrêtés (16). L’état de santé du vénérable Thich Tri Tuu, supérieur de la pagode de la « Dame céleste », arrêté à Huê le 4 juin 1993 (17) et du vénérable Hanh Duc arrêté le 9 juillet 1993 à Ba Ria (18) est très préoccupant, à la suite de grèves de la faim répétées, entreprises par eux pour protester contre leur arrestation illégale.

Selon l’agence bouddhiste, le supérieur de Huê, accusé d’avoir attenté à l’ordre public, lors de la manifestation qui s’est déroulée à Huê le 24 juin 1993 (19) a répondu que cela était impossible puisqu’au moment où elle se déroulait, il était enfermé dans les locaux de la Sûreté de la ville. Quand au vénérable Hanh Duc à qui l’on rappelait qu’il avait été exclu de l’Eglise bouddhique du Vietnam (Eglise d’Etat) pour avoir refusé de suivre la ligne officielle, il a répondu en citant le témoignage que lui ont rendu publiquement les autorités de cette Eglise: « Religieux ayant mené une vie monastique irréprochable, n’ayant jamais violé un commandement religieux. Durant dix ans, il a guidé très correctement les fidèles tout en apportant sa contribution aux autorités régionales pour l’organisation du secours aux victimes d’inondation et aux pauvres de la commune … »