Eglises d'Asie

La revue théologique “Concilium” a consacré un numéro à l’attitude des peuples d’Asie vis-à-vis du christianisme

Publié le 18/03/2010




La revue internationale de théologie Concilium a consacré son numéro d’avril 1993 à un débat sur l’attitude de l’Asie vis-à-vis du christianisme. Deux des articles sont signés par des théologiens asiatiques connus, le P. Aloysius Pieris, du Sri Lanka, et le P. Felix Wilfred, de l’Inde.

Dans son article, très incisif, le P. Pieris affirme que l’Asie a toujours été impénétrable au christianisme – 3% seulement de chrétiens après deux millénaires – sans que cela soit nécessairement dû à une image coloniale du ChristLe théologien srilankais rejette l’idée que l’image européenne du Christ ait été un obstacle réel dans la diffusion du christianisme. Après tout, dit-il, elle s’est enracinée en Amérique latine et dans les tribus non islamisées d’Afrique. Pour lui, une explication plus plausible est fournie par le fait que des “religions métacosmiques” telles que le bouddhisme et l’hindouisme étaient implantées en Asie avant le christianisme et que “ces religions n’ont pas de place pour le Christ sinon comme une force cosmique parmi d’autres, ce qui veut dire une déité de plus dans le panthéon des forces cosmiques plutôt que le seul Seigneur et Sauveur

Dans sa recherche d’un “Christ asiatiquele P. Pieris analyse ensuite “deux missiologies en conflitl’une accordant au Christ une place en Asie, l’autre proclamant le Christ comme n’y ayant pas de place. Il décrit encore “deux ministères en conflitl’un de prophétie, l’autre de guérison. Le P. Pieris voit la nouvelle évangélisation comme une synthèse du ministère de la guérison du Christ asiatique et de celui de son ministère prophétique.

Le P. Felix Wilfred, quant à lui, dans un article intitulé “Images de Jésus-Christ dans un contexte pastoral asiatiquepropose une interprétation des textes publiés par la fédération des conférences épiscopales d’Asie. Il en conclut que “les évêques d’Asie ont essayé, de manière inventive, de mettre notre foi en Jésus-Christ en rapport avec les difficultés présentées par la situation en AsieCeci les a amenés, dit-il, à interpréter la proclamation de manière originale et à comprendre l’Eglise locale sur le modèle de l’incarnation de Jésus. Malheureusement, aujourd’hui, une “missiologie de restauration” venant de l’extérieur essaye de pénétrer en Asie et y gagne des adhérents. Cette missiologie juge la situation de loin et de manière simpliste. Elle commet l’erreur de croire que les évêques parlent seulement de dialogue, de libération, d’inculturation etc., et négligent la proclamation de Jésus-Christ. Cette missiologie de restauration compromet de manière regrettable la croissance harmonieuse et l’évolution de la pensée dans la fédération. Il faut espérer, dit le P. Felix Wilfred, que cette importation en Asie d’une missiologie préconciliaire n’est que passagère et que la fédération continuera sur la trajectoire que les textes qu’elle a déjà produits indiquent. Elle contribuerait ainsi à l’émergence d’images nouvelles de Jésus en Asie.