Eglises d'Asie

Kitakyushu : remous dans les milieux catholiques après la garde à vue de trois semaines et l’inculpation d’un militant engagé auprès des travailleurs immigrés

Publié le 18/03/2010




M. Aoyagi Yukinobu, enseignant catholique et membre de la commission Justice et paix de Kitakyushu, a été mis en garde à vue le 27 septembre 1993 et gardé en détention jusqu’au 18 octobre 1993, date à laquelle il a été inculpé d’infraction à la législation sur les travailleurs immigrés et d’assistance à étranger en situation irrégulière. Auparavant, le 9 septembre, son domicile avait été perquisitionné ainsi que l’école catholique, très cotée, où il enseigne.

M. Aoyagi Yukinobu est bien connu parmi les militants pour la défense des droits des travailleurs immigrés au Japon dont il s’occupe depuis près de vingt ans. Il y a trois ans, il avait participé à la défense de plusieurs Péruviens d’origine japonaise employés dans des conditions inhumaines par un industriel de Fukuoka. A la suite de cette affaire il s’est spécialisé dans l’aide aux Nikkeijin, Péruviens ou Brésiliens d’origine japonaise qui ont été appelés par le gouvernement japonais depuis 1991 pour parer au manque de main d’oeuvre locale (10).

Depuis quelques mois, à cause de la récession, les bureaux de l’immigration se montrent moins tolérants et réduisent le nombre des permis de travail accordés ce qui augmente le nombre des étrangers en situation irrégulière. C’est auprès de ceux-ci que M. Aoyagi Yukinobu travaille plus particulièrement. La police l’accuse d’avoir procuré des emplois à des étrangers en situation irrégulière, jouant ainsi le rôle d’agent recruteur, et d’avoir soutiré de l’argent aux entreprises et aux ouvriers étrangers qu’il y plaçait.

La commission épiscopale Justice et paix et la commission pour la coopération internationale ont immédiatement pris position en faveur du militant inculpé et plusieurs réunions de protestation ont eu lieu à Fukuoka où, le 31 octobre 1993, une grande manifestation doit avoir lieu sous la présidence de Mgr Soma, ancien évêque de Nagoya et ancien président de Justice et paix. Les messages de solidarité continuent d’affluer de tout le Japon et de l’étranger. L’affaire n’est pas passée inaperçue des médias japonais qui y consacrent une place relativement importante.

Dans les milieux catholiques de Fukuoka, on estime généralement que la police a délibérément criminalisé l’action humanitaire en faveur des étrangers en situation irrégulière, souvent acculés à des situations impossibles. Le procès qui aura lieu à une date qui n’est pas encore fixée devrait être l’occasion pour les groupes d’action sociale et pour l’Eglise (11) de mettre en question la politique gouvernementale de l’immigration.