Eglises d'Asie

Au Cachemire, des leaders religieux critiquent à la fois les militants indépendantistes et le gouvernement

Publié le 18/03/2010




L’Etat du Cachemire connaît depuis plusieurs semaines un couvre-feu intermittent, en raison de la révolte armée d’un groupe important de militants indépendantistes. A cette occasion, plusieurs responsables religieux reprochent au gouvernement son incapacité à protéger les lieux sacrés de l’Inde.

Le 14 octobre 1993, les troupes indiennes ont mis le siège devant la mosquée Azratbal de Srinagar, la capitale de l’Etat de Jammu et Cachemire. Une centaine de militants armés s’y étaient barricadés, après avoir pris en otages une cinquantaine de fidèles. Cette mosquée Hazratbal est l’un des lieux les plus sacrés de l’islam indien. On y conserve en effet une relique du prophète Mahomet.

Le gouvernement a ouvert des négociations avec les militants. Mais ces derniers prétendant imiter Mahomet, qui utilisa la mosquée de Médine pour se défendre contre ses ennemis, ont refusé le dialogue.

Le président du comité panindien pour la protection des droits des musulmans, M. Ahmed Siddiqi, considère leur attitude comme antireligieuse. En outre, il accuse: “cette situation dangereuse a été provoquée par le gouvernement qui trop souvent a cherché à établir des compromis avec les activistes”. Un commentateur politique, M. V.D. Chapra, dit lui aussi: Cette crise “met en lumière l’incapacité d’un gouvernement qui, depuis plus de quarante ans, n’a pas su créer une atmosphère normale”. De son côté, le P. George Pereira, secrétaire général-adjoint de la conférence épiscopale, commente: “Si des militants armés se mettent à transformer mosquées, temples et églises en forteresses, c’est la foi des gens que l’on tourne en dérision”. Il ajoute que de telles actions mettent en danger l’unité même du pays. L’iman de la mosquée principale de Delhi, M. Ahmed Bukhari, a demandé le retrait immédiat des troupes qui assiègent la mosquée.

Cette situation a commencé quand la police s’est aperçue qu’on avait endommagé le cadenas fermant la porte du lieu où est conservée la relique du prophète. Les autorités ont alors soupçonné les militants indépendantistes de chercher à provoquer une révolte religieuse à travers tout le Cachemire. Déjà en 1963, la relique – un poil de la barbe de Mahomet – avait été volée. A l’époque, toute la région avait été mise à feu et à sang. Les choses n’étaient rentrées dans l’ordre qu’au bout d’une semaine, quand la relique réapparut de façon soudaine et mystérieuse.