Eglises d'Asie

Le gouvernement envisagerait de nouvelles restrictions à l’activité missionnaire

Publié le 18/03/2010




Selon un article du Jakarta Post du 11 octobre 1993, les autorités d’Indonésie envisagent d’établir une réglementation nouvelle qui, une fois ratifiée par le parlement, n’autorisera l’action missionnaire qu’à l’égard des Indonésiens, fort peu nombreux, qui n’appartiennent pas à l’une des grandes religions mondiales.

Le journal rapporte que le ministre des Affaires religieuses, Tarmizi Taher, a indiqué au cours d’un séminaire national sur la religion, le 9 octobre 1993, que les missionnaires d’une croyance religieuse ne pourraient désormais tourner leur action de propagande que vers les “non-croyants”, qui représentent 0,3 pour cent des 187 millions d’Indonésiens. Aux dires du ministre, ce pourcentage de la population appartient aux minortés ethniques et est attaché à l’animisme sous diverses formes, constituant ainsi une sorte de “no man’s land” religieux. Le but de l’initiative gouvernementale, selon Taher, est de “veiller à ce qu’aucun groupe religieux n’en trouble d’autres en répandant sa foi parmi leurs adeptes

Selon un recensement de 1990, les Indonésiens appartiennent dans leur grande majorité à l’une des cinq grandes religions. Sur 1000 habitants il y avait à cette date : 870 musulmans, 60 protestants, 35 catholiques romains, 18 hindous et 10 bouddhistes.

La réglementation annoncée par le ministre des affaires religieuses devra être ratifiée par le parlement indonésien avant d’entrer en vigueur. Or le projet de nouveau code pénal qui doit être prochainement soumis aux débats de la Chambre des représentants considère comme une infraction le prosélytisme auprès des adeptes d’une autre croyance. L’un des auteurs de ce projet de code, Barda Nawawi Arief, a déclaré au début d’octobre, selon l’hebdomadaire indonésien Tempo, que la propagande religieuse “n’a cessé d’allumer des conflits entre les groupes religieux” et requiert une règlementation.

A Jakarta, certains observateurs pensent que l’initiative du gouvernement vise davantage à prévenir des tensions entre communautés religieuses qu’à favoriser une religion aux dépens d’une autre (6). Un porte-parole d’une des principales dénominations protestantes d’Indonésie : Huria Kristen Batak Protestant (7), s’est cependant étonné des restrictions envisagées. Il souligne qu’aujourd’hui les tensions religieuses sont faibles et que le zèle des missionnaires est empreint de respect et de tact.