Eglises d'Asie

L’Eglise cherche à purifier des coutumes qui parasitent le culte des morts

Publié le 18/03/2010




Certaines pratiques qui marquent la fête de la Toussaint et le jour des morts inquiètent, voire indignent les pasteurs de l’Eglise catholique des Philippines.

A Cebu, par exemple, les catholiques visitent les cimetières comme partout dans le monde. Ils décorent les tombes et allument des cierges. Mais il arrive que ces lieux de recueillement et de silence soient, les 1er et 2 novembre de chaque année, transformés en parcs d’attractions où ne manquent ni les clubs de karaoké ni les tables de jeu ni les restaurants improvisés. Autour du cimetière, c’est le carnaval.

En 1993, la fête a été quelque peu refroidie par les trombes d’eau du typhon “Ira”. Le porte-parole du diocèse de Cebu, Mgr Achille Dakay, ne s’en indigne pas moins: “La fête de la Toussaint et celle des morts ne devraient pas voir leur signification noyée dans la musique et le jeu”. Il rappelle que les fidèles ne devraient pas se livrer à des activités mondaines dans ces lieux sacrés que sont les cimetières. “C’est une chose, dit-il, contre laquelle nous nous élevons constamment dans notre prédication”. Parlant encore de la coutume selon laquelle les chrétiens déposent sur les tombes de la nourriture ou du tabac, Mgr Dakay rappelle: “Le jour des morts, nous devons prier. Les âmes des défunts vont-elles consommer la nourriture qui leur est offerte?”

Mgr Esteban Binghay, curé de la paroisse du Rosaire, à Cebu, s’élève lui aussi contre ces habitudes bruyantes. Il en rend responsables le manque de formation des chrétiens et l’indifférence de la police. Et il reproche aux autorités chargées de veiller à l’entretien des cimetières de ne pas faire leur travail. Quant aux coutumes traditionnelles observées par les chrétiens, il les fait remonter à l’époque pré-chrétienne des Philippines. Pour lui, ce sont des restes du paganisme et de l’animisme d’autrefois: les gens d’alors croyaient que les âmes des défunts restaient prisonnières sur la terre. “Ces croyances, dit-il, sont contraires à la foi chrétienne”. Il faut que l’Eglise s’efforce de purifier ces coutumes pour en faire des “symboles de la communion avec les morts”.