La taux actuel de progression de l’épidémie est de plus de 100 cas nouveaux par mois. Selon l’institut Pasteur de Hô Chi Minh-Ville (36), au 23 septembre 1993, le nombre de personnes atteintes de la maladie du sida dans tout le pays n’était encore que de 852, à savoir 107 cas de plus que le mois précédent. Le chiffre relevé au mois de juin au moment d’une enquête de « Care international » sur ce sujet était de 549 (37). Selon les estimations officielles, 18 Vietnamiens seraient actuellement décédés du sida.
L’épidémie a désormais une extension nationale. Selon les statistiques de l’Institut Pasteur du mois de septembre, avec 708 cas, c’est Hô Chi Minh-Ville qui vient en tête pour le nombre de personnes séropositives recensées. La province de Khanh Hoa vient en second avec 103 cas. Le nord du pays n’est désormais plus épargné. A la mi-septembre, le premier cas de séropositivité a été détecté à Hanoi chez un chauffeur de camion de 42 ans effectuant des voyages réguliers au Laos (38).
La situation géographique du Vietnam explique en partie les progrès actuels de cette redoutable épidémie sur son territoire. Au début de septembre, le responsable régional de l’Organisation mondiale de la santé pour le Pacifique occidental, M. Han Sang Tae (39), mettait en garde les deux pays d’Indochine, le Cambodge et le Vietnam, qui selon lui encouraient un très grand risque à cause de leur proximité avec deux pays déjà fortement touchés, la Thaïlande et la Birmanie. Malheureusement, les deux pays menacés n’ont que peu de moyens pour empêcher le virus de franchir leurs frontières. Le Vietnam, préoccupé de n’apporter aucun obstacle à l’entrée de devises dans son pays, a finalement reculé devant les mesures draconiennes qu’il avait primitivement envisagées pour détecter la maladie chez les étrangers entrant dans le pays. La publication d’une mesure prévoyant des tests médicaux obligatoires pour les étrangers désireux de se rendre au Vietnam, annoncée au mois de juillet 1993, a été démentie la semaine suivante (40).