Eglises d'Asie

Neuf bouddhistes condamnés pour trouble à l’ordre public

Publié le 18/03/2010




Le 15 novembre 1993, le tribunal populaire de Huê a jugé et condamné quatre des six religieux de la pagode de la Dame céleste à Huê, arrêtés à la suite de la manifestation du 24 mai dernier qui avait jeté dans les rues de la ville une foule estimée à 40 000 personnes par les sources bouddhistes (27). Sous le motif de trouble à l’ordre public, le vénérable Thich Tri Tuu, supérieur de la pagode, et le vénérable Thich Hai Tang ont été condamnés à quatre ans de prison. Leurs deux confrères, les vénérables Thich Hai Thinh et Thich Hai Chanh ont été frappés d’une peine de trois ans de prison. De plus, cinq civils qui avaient participé activement à la manifestation, qualifiés de « provocateurs » par la Cour, se sont vus infliger des peines allant de six mois à quatre ans de prison.

Les sources à l’origine de cette nouvelle (28) donnent peu de détails sur ce qui s’est passé dans l’enceinte du tribunal populaire. On savait déjà que, depuis le 1er novembre 1993, l’affaire était préparée dans le plus grand secret par les autorités (29). Le procès proprement dit n’a duré que très peu de temps. Alors que les débats du tribunal avaient débuté tôt dans la matinée du 15 novembre, le jour même le verdict était déjà connu et diffusé par les grandes agences. Une source bouddhiste (30) a déclaré que tout s’est déroulé dans l’ombre et le secret. Un religieux de la pagode de la Dame céleste, le vénérable Thich Hai Binh, aurait été appelé par la police pour servir de témoin devant le tribunal populaire. On l’aurait auparavant soigneusement instruit de ce qu’il devait dire. Ce procès dont l’éventualité avait été évoquée lors de la conférence des bailleurs de fonds pour le Vietnam qui s’est tenue à Paris les 9 et 10 novembre 1993 (31), risque d’avoir un certain écho international. Le 8 novembre, à la nouvelle de la préparation du procès, le sénateur américain Bill Bradley, dans une lettre au secrétaire d’Etat, exprimait ses craintes que le procès en préparation ne respecte pas les critères ordinaires du droit international (32). La Fédération internationale des ligues des droits de l’homme a lancé le jour même une mise en garde au gouvernement vietnamien, en rappelant qu’elle avait vainement tenté d’obtenir des visas pour trois avocats du barreau français, chargés d’assurer la défense des religieux ().