Une réaction tardive du Comité d’union du catholicisme à la lettre du cardinal Sodano de mai 1992

Il est probable que le secrétaire du Comité d’union minimise quelque peu la portée du document romain. En effet, bien que rédigée sur un ton parfaitement irénique, la lettre du cardinal Sodano, adressée au président de la Conférence épiscopale vietnamienne (20), ne manquait pourtant pas de clarté. Elle exprimait, certes, des craintes mais, surtout, elle rappelait aux prêtres vietnamiens les interdictions très précises portées contre ce type d’associations et contre la participation des clercs au pouvoir civil, par les articles du droit canon, 278 ;3 et 285 ;3 ainsi que par la Déclaration de la sacrée Congrégation pour le Clergé sur certaines associations ou mouvements interdits aux clercs publiée le 8 mars 1972 (21). La lettre ne dissimulait pas que le Comité d’union était visé par ces divers textes et que, de surcroît, dans les circonstances du moment, son existence ne se justifiait pas.

Ce n’est pas, semble-t-il, l’interprétation du P. Tu qui affirme que le Comité aurait soigneusement réfléchi depuis longtemps aux textes canoniques auxquels se réfère la lettre du cardinal Sodano. L’expérience des prêtres de Hô Chi Minh-Ville participant au mouvement ainsi qu’aux diverses assemblées populaires se serait révélée positive et n’aurait entraîné aucune division dans l’Eglise, pas plus qu’elle n’aurait eu de conséquence néfaste pour la pastorale. L’archevêque de Hô Chi Minh-Ville aurait donné son approbation à l’engagement social et politique de certains prêtres et la plupart des autres évêques auraient adopté une attitude semblable (22). Il ajoute que les prêtres participant au mouvement ainsi que lui-même mènent de pair, avec la même ardeur, leurs tâches pastorales et profanes à la satisfaction des autorités ecclésiastiques et civiles.

Les craintes du Saint-Siège seraient donc vaines. D’ailleurs, selon l’interview du secrétaire national du Comité, la lettre du cardinal Sodano n’a pas empêché le mouvement de progresser puisque, depuis cette époque, il s’est implanté dans cinq nouvelles provinces du sud. La dernière province, la vingt-cinquième, à avoir été dotée d’un comité d’union est celle de Tiên Giang dans l’ouest cochinchinois.