Eglises d'Asie – Vietnam
Après le procès du 15 novembre 1993 : regain de tension dans les milieux bouddhistes de Huê
Publié le 18/03/2010
Par ailleurs, est parvenue en Occident (33) la version bouddhiste de l’auto-immolation du fidèle dans l’enceinte de la pagode de la Dame céleste à Huê le 21 Mai 1993 (34). De ce sacrifice qui avait entraîné la manifestation du 24 mai pour laquelle les quatre religieux bouddhistes viennent d’être condamnés, on ne connaissait jusqu’ici que la version du gouvernement. Elle avait d’ailleurs varié plusieurs fois en ce qui concerne les motivations de la victime. Après avoir d’abord parlé de « désespoir causé par le sida » comme motif de l’immolation, les médias officiels n’avaient plus retenu que le chagrin éprouvé à la suite d’une querelle conjugale (35). Selon les sources bouddhistes, le fidèle, originaire du village de Quang Ngan de la province de Thua Thiên, s’appelait Nguyen Van Dung, appartenait à une famille de tradition bouddhiste et était âgé de 28 ans. Avant d’accomplir son geste, il aurait confié à son épouse qu’il ne pouvait plus supporter de rester sans réaction devant la situation faite au bouddhisme.
Pendant ce temps, la tension continue de monter dans certains milieux bouddhistes, en particulier au sein du clergé de l’Eglise d’Etat de l’ancienne capitale impériale de Huê. Cinquante-deux religieux appartenant à vingt-huit pagodes de Huê (36) ont manifesté pacifiquement pendant trois jours devant la pagode Tu Dam, qui avait servi en 1963 de lieu de ralliement à la rébellion bouddhiste contre le régime du président Ngô Dinh Diêm. Les manifestants avaient précédemment envoyé à la direction de l’Eglise d’Etat deux pétitions réclamant une enquête sur la situation du bouddhisme dans la province (37), sans obtenir de réponse. Le vénérable Thich Thiên Siêu, supérieur de la pagode Tu Dam, devenue aujourd’hui le siège principal de l’Eglise d’Etat à Huê, député à l’Assemblée nationale (38) et membre de la direction de l’Eglise d’Etat, a refusé de recevoir les manifestants.