Eglises d'Asie – Inde
Après les élections partielles dans le nord du pays beaucoup se réjouissent de voir la laïcité indienne préservée
Publié le 18/03/2010
En fait, le BJP a perdu son ancienne majorité dans les Etats de Madhya Pradesh et d’Himachal Pradesh, au profit du parti du Congrès. Il a repris à celui-ci le territoire de Delhi, mais n’a pas pu s’emparer de l’Etat du Mizoram, à la frontière du Bangladesh. Mais l’Etat le plus important dans ce jeu politique, l’Uttar Pradesh, qui était gouverné par le BJP, est passé aux mains des socialistes portés au pouvoir par les classes les plus défavorisées.
Pour beaucoup, l’enjeu était tout simplement la tradition, établie depuis l’indépendance, d’une Inde laïque, où l’on respecte les religions sans leur donner une place indue dans les affaires politiques.
En fait, selon beaucoup de commentateurs, le grand vainqueur de ces élections aura été le peuple indien. Le parti du Congrès reste au pouvoir au gouvernement central. Il lui sera même, normalement, plus facile de gouverner.
Selon le P. Walter Fernandez, jésuite indien, sociologue à Delhi, ces élections « ont prouvé que les pauvres du pays sont politiquement mûrs. Les forces fondamentalistes hindoues n’ont pas pu balayer la laïcité indienne ». Et le P. George Pereira, secrétaire général adjoint de la conférence épiscopale, voit dans la défaite du BJP « un verdict populaire contre le fondamentaliste hindou ».
Un leader musulman, M. Syed Shahabuddin, considère les résultats dans l’Etat d’Uttar Pradesh comme « une preuve que le BJP est désormais passé à l’arrière-plan ». « Il est temps, ajoute-t-il, que le Congrès se mette à corriger ses erreurs en matière de laïcité ».
Le porte-parole du parti du Congrès, M. H.K.L. Bhapat, commente: « Les électeurs ont rejeté le principe du BJP selon lequel, la majorité des Indiens étant hindous, l’Inde doit être un pays hindou. La promotion de l’hindouisme n’intéresse pas beaucoup les classes pauvres: leur principal souci concerne la politique de développement ».