Eglises d'Asie

Des intellectuels catholiques se défendent d’être adversaires de l’islam

Publié le 18/03/2010




Les intellectuels catholiques qui collaborent au Centre d’études stratégiques internationales de Jakarta ont rejeté l’accusation selon laquelle ils tenteraient de constituer, avec des officiers et des musulmans nationalistes, une force de réaction contre l’islamisation croissante de la société et de la politique indonésiennes.

Le Centre d’études stratégiques est un organisme privé, se consacrant à la réflexion sur la politique de développement et sur d’autres questions nationales. Beaucoup de ses membres sont catholiques (12). Dans une interview parue dans le numéro d’octobre 1993 du bulletin Media de l’archidiocèse de Semarang, Java, le Père Yusuf Bilyarta Manggunwijaya, connu comme romancier, architecte et militant social, a accusé les intellectuels catholiques du Centre de partager l’islamophobie de certains militaires, de “chercher Jésus avec l’aide de Ponce-Pilate” et de souffrir d’un complexe aigu de minorité religieuse.

Dans une interview donnée à l’agence UCAN de Hongkong, le 28 novembre, les membres du Centre rejettent ces accusations du prêtre et affirment qu’on a mal compris certaines de leurs déclarations. Selon Hadi Susastro, économiste et directeur exécutif du Centre, celui-ci n’a aucunement comme objectif de collaborer avec qui que ce soit pour combattre l’influence islamique dans le pays. “Quand le Centre a été fondé en 1973 par des intellectuels aussi bien catholiques que musulmans, à l’initiative des généraux Ali Murtopo et Soedjono Hoemardani, il a été conçu comme un foyer de réflexion sur des questions d’intérêt national. L’islam était si peu un adversaire que certains des fondateurs étaient musulmans, comme Abdul Gafur, qui milite aujourd’hui dans l’Association indonésienne des intellectuels musulmans”.

Abdul Gafur, médecin de l’aviation, ancien ministre devenu vice-président de cette Association des intellectuels musulmans, a assuré de son côté que le Centre d’études stratégiques ne vise en rien à rivaliser avec un groupe religieux, spécialement musulman. “Je suis musulman moi-même. Pourrais-je travailler au Centre s’il était contre l’islam ? Les amis catholiques que j’y compte ont de bonnes relations avec les militants de l’Association des intellectuels musulmans. Les deux organisations contribuent chacune à sa manière à l’élaboration des programmes de développement du gouvernement.”

Cosmas Batubara, qui a perdu son poste de ministre du Travail dans le remaniement ministériel du mois d’avril dernier (13), rappelle que le Centre n’est pas au service des intérêts catholiques, mais traite de questions nationales : “C’est justement pourquoi le gouvernement prend au sérieux ses propositions en matière de développement et de politique extérieure. Les commentaires du Père Mangunwijaya sont à prendre comme un avertissement paternel aux jeunes intellectuels catholiques, qui ne pourront guère aider le pays s’ils ne développent pas leurs qualifications intellectuelles”.