Eglises d'Asie

Au moment où s’achevaient les négociations du GATT, les paysans catholiques ont protesté contre l’ouverture du marché du riz

Publié le 18/03/2010




Avec les autres cultivateurs du pays, les paysans catholiques soutenus par leurs prêtres ont passé les deux premières semaines de décembre à faire campagne contre l’ouverture du marché du riz aux importations. Leur espoir a disparu quand les négociateurs coréens des accords du GATT ont annoncé le 14 décembre 1993 que des importations de riz, à concurrence d’un à quatre pour cent du marché domestique, commenceraient en 1995. Une période de grâce de dix ans sera laissée à la Corée avant l’ouverture complète de son marché du riz. Assumant la responsabilité de ce qu’il considérait comme un échec du gouvernement, le premier ministre, Hwang In-Sung, a donné sa démission le 16 décembre.

Les représentants de l’association coréenne des paysans catholiques, forte de six millions de membres (2), avaient condamné toute ouverture du marché du riz dans une conférence de presse le 3 décembre à Séoul. Le 7 décembre, seize prêtres des paroisses rurales du diocèse de Chongju ont soutenu la même position au cours d’une messe de solidarité et demandé au président Kim Young Sam de faire un référendum national sur des réformes du marché du riz. Un rassemblement de groupes paysans a lancé une campagne contre l’importation de riz, avec l’ambition de mobiliser un cinquième de la population du pays en recueillant dix millions de signatures.

Le 12 décembre, le cardinal Etienne Kim Suo Hwan a fait entendre sa voix dans le débat pendant une “messe spéciale pour la nation” célébrée à la cathédrale de Myongdong à Séoul. Dans son homélie, il a demandé à ceux qui contrôlent le commerce international, spécialement aux Etats-Unis, d’être sensibles “à la fragilité de la production agricole de la Corée et de sa communauté rurale. Si vous détruisez la production paysannne, ce sera le chaos économique et social, la sécurité nationale ébranlée, les relations extérieures compromises. Il faut comprendre les conditions et les sentiments de la population coréenne. Notre communauté paysanne, c’est notre terroir. Le riz, c’est notre âme, notre sang, notre culture depuis cinq mille ans. L’ouverture du marché du riz, notre sensibilité et notre esprit la refusent. Elle nous fait mal

“Néanmoins, a continué le cardinal, nous devons regarder la situation avec sang-froid. Il est temps de réfléchir aux causes du déclin de notre production agricole et de l’appauvrissement de notre communauté rurale. Depuis plusieurs dizaines d’années, nous avons centré notre développement économique sur l’industrie, sans accorder la moindre considération aux valeurs paysannes. Aucun effort sincère n’a donc été fait, ni par le gouvernement ni par la population, pour redonner vie à la communauté rurale. Il est temps de ressusciter la production agricole et de reconstruire la communauté paysanne en visant l’exportation des produits de notre agriculture. Nous pouvons faire de notre production paysanne un miracle, tout comme nous avons fait un miracle économique en partant de zéro”.

Selon le cardinal Kim, la perspective de l’ouverture des marchés ne doit pas susciter de l’inquiétude, mais un sursaut de volonté. “Ce dont nous avons besoin, c’est d’une détermination résolue et de la confiance en nous-mêmes que nous pouvons gagner et réussir dans les compétitions internationales. Si nous faisons de notre mieux avec confiance en Dieu, Il viendra à notre aide