Eglises d'Asie

Bihar : l’armée oblige des aborigènes à quitter leur territoire

Publié le 18/03/2010




Les aborigènes de l’ethnie Oraon, dans la région de Chotanagpur, dont 25 à 30% sont catholiques, risquent d’être obligés d’abandonner leurs lieux traditionnels de vie et de culture, parce que l’armée indienne a décidé d’agrandir une zone de tir et d’exercice.

Selon une étude publiée par les jésuites de l’Institut St François-Xavier de Ranchi, cette opération va mettre en danger la vie de centaines d’aborigènes. Un prêtre du diocèse, le P. Paulus Kullu, rapporte que les exercices de tir durent depuis 1956. Chaque fois, les aborigènes doivent s’enfuir de chez eux. Ils ne reçoivent en compensation qu’une somme misérable, quand ils reçoivent quelque chose. Ils ne sont pas au courant des projets de l’armée, car la plupart d’entre eux sont analphabètes.

“Les aborigènes, dit M. P.R. Banra, un des chefs de l’ethnie Ho, protestent rarement contre ces déplacements intempestifs, car la mafia des bureaucrates et des politiciens prend bien soin de les laisser dans l’ignorance de ce qui se prépare. Nous allons, promet-il, nous mettre à avertir les gens du danger et à les mobiliser

Selon un article d’un quotidien local en langue hindi, au cours du mois de juin 1993, les autorités militaires auraient ordonné aux villageois de partir et annoncé qu’en cas de refus, l’armée utiliserait la force et les habitants devraient supporter la charge financière de l’opération.

Les chefs chrétiens ont exprimé leur inquiétude dans une réunion d’octobre 1993. Et la Confédération indienne des populations indigènes, au cours d’une conférence tenue à Delhi du 15 au 21 novembre 1993, a étudié ce problème. Ses participants ont reproché au gouvernement d’ignorer les droits des aborigènes. Ceux-ci représentent quarante pour cent des 20 millions et plus de personnes déplacées en Inde au cours des quarante dernières années.

La zone de tir de la région de Chotanagpur menace de provoquer le départ de 16 479 personnes appartenant aux ethnies Munda, Oraon, Asur, Birjia, Kisan et Birhor. Le P. Walter Fernandes, jésuite, qui étudie de près la situation des aborigènes dans cette région, confirme que les personnes déplacées ne reçoivent qu’une compensation minime; parfois même on ne leur donne rien et moins du quart d’entre elles ont été réinstallées ailleurs.

Les aborigènes souffrent aussi des destructions causées sur leurs terres traditionnelles par la déforestation, l’exploitation minière, les barrages et autres industries. De l’avis d’une religieuse, soeur Angela Dungdung, “l’Eglise a certainement un rôle à jouer dans cette affaire. Elle doit mobiliser les populations, s’unir aux gens dans leur lutte pour leur survie”.