Eglises d'Asie – Inde
« L’Eglise va-t-elle rester muette devant la souffrance des aborigènes? »
Publié le 18/03/2010
Ces « dikhus » sont venus il y a quelque deux cents ans, soi-disant pour se mettre au service des aborigènes crédules. En fait ils leur ont volé leurs terres et les ont réduits en esclavage. L’indépendance de l’Inde en 1947 n’a rien changé à la situation des aborigènes. Les gouvernements successifs ne les ont pas écoutés. Les aides officiellement prévues pour leur développement leur parviennent très rarement. Les aborigènes ne voient plus d’espoir que dans la création d’un Etat du Jarkhand.
L’Etat séparé du Jarkhand tel qu’ils le proposent couvrirait 187 600 km2 et s’étendrait sur vingt-quatre districts des Etats du Bihar, du Madhya Pradesh, de l’Orissa et du Bengale. Sur les 40 millions d’habitants qui le peupleraient, 40% sont des aborigènes. Environ 1,3 million de ceux-ci sont chrétiens, appartenant à dix confessions. Un peu plus de la moitié des aborigènes chrétiens (53%) sont catholiques. L’Eglise catholique est l’organisation la plus importante de la région. Depuis cent cinquante ans, elle soigne les aborigènes, les instruit, leur donne du travail.
Mais elle n’a formé qu’un petit nombre de chefs politiques de la communauté. La plupart des dirigeants du futur Jarkhand ne sont pas des aborigènes et ceux qui le sont ne sont pas chrétiens. Au moment des élections, même les circonscriptions à forte présence chrétienne votent pour le Parti du peuple indien, d’extrême-droite, le BJP.
Alors que les hommes politiques utilisent à leur profit le projet du Jarkhand, l’Eglise garde un silence prudent, ne dit rien du droit des gens à décider de leur sort. Son silence ne l’a pourtant pas préservée de la critique. L’organisation fondamentaliste hindoue Rasthriya Swayamsevak Sangh, mouvement paramilitaire allié du BJP, l’accuse souvent de faire de la politique.
En fait, l’Eglise doit bien au contraire se préoccuper d’urgence de l’absence de dirigeants parmi les aborigènes et les aider à surmonter leur désunion qui est leur pire ennemi. Ils restent divisés en clans et le futur Jarkhand comprend chez eux 52 organisations politiques différentes. Selon certains observateurs, rien ne pourra être fait si la hiérarchie de l’Eglise n’encourage pas les laïcs à participer à la vie politique.