Eglises d'Asie

L’année des aborigènes a été marquée par un surcroît de violations de leurs droits

Publié le 18/03/2010




Les chefs des minorités ethniques affirment que les atteintes à leurs droits ont été plus nombreuses que jamais en 1993, pourtant proclamée année des indigènes.

Ils accusent certains programmes de développement. Ramon Baysan, de la minorité Manobo au sud des Philippines, cite le déversement d’arsenic dans toutes les rivières de la région du mont Apo à la suite de forages exploratoires pour un projet géothermique dans le sud de l’île Mindonao. Soeur Marie John Dumaog, du Bon Pasteur, qui coordonne les actions d’apostolat auprès des aborigènes de la province Agusan Del Sur, rapporte des opérations de déforestation intensive sur les terres tribales de la région. Une société financée par la Banque asiatique du développement serait en train de défricher une zone forestière de 20 770 hectares où vivent des tribus d’aborigènes. Le but serait de remplacer terrains dénudés, broussailles, forêts trop peu denses,etc. par une vaste étendue productive, mais, dit la Soeur, le peuple Banwaon qui vit là depuis des générations est victime d’une action de harcèlement et de violences physiques.

Au dire de Yul Caringas, secrétaire général de la Ligue des groupes aborigènes des Philippines, le triste bilan de l’année des aborigènes est dû en particulier à des mesures administratives du gouvernement qui menacent les moyens d’existence et la culture des aborigènes, telle la loi qui a transformé des parcs nationaux, que les aborigènes considèrent comme leurs terres ancestrales, en “zones de haute protection”. Le système de ces zones a été approuvé en 1992 par Corazon Aquino pour faciliter l’obtention d’un prêt de la Banque mondiale. Le président Ramos a signé en 1993 le décret d’application. Or, dans ces nouvelles zones protégées, explique Caringas, toute activité humaine sera contrôlée et sévèrement réduite. Les indigènes se verront privés de leurs moyens d’existence puisque seront légalement interdites la chasse, la culture et l’élevage, toute construction ou réparation d’ouvrage, et même l’occupation d’une parcelle de terre. La loi qui admet l’existence de terres ancestrales ne prévoit aucun dispositif pour faire reconnaître les droits de propriété des aborigènes. Dans les zones protégées, on les traite comme des squatters sur leur propre domaine. On pourra les évincer de leurs campements dès lors qu’ils n’auront pas un permis en règle. Leurs systèmes socio-politiques sont également menacés, puisque le maintien de leurs coutumes devra faire l’objet de demandes d’autorisations. Seules les cérémonies et les rites religieux seront permis dans les zones de haute protection.