Eglises d'Asie

L’Eglise protestante de l’Inde du nord révise ses priorités

Publié le 18/03/2010




Les chefs de l’Eglise de l’Inde du nord appellent à des changements de structure qui rendent leur Eglise plus solidaire du peuple indien dans son aspiration à une société juste et humaine.

Formée en 1970 par le regroupement de chrétiens appartenant à plusieurs dénominations: conseil des Eglises baptistes du nord de l’Inde, Eglise des Frères en Inde, disciples du Christ, Eglise de l’Inde, Eglise méthodiste et Eglise unie de l’Inde du nord, -l’Eglise de l’Inde du nord compte aujourd’hui plus de 900 000 membres. Ses trois mille congrégations, rattachées à vingt-trois diocèses, sont réparties dans près des deux tiers de l’Inde. Elle prépare le vingt-cinquième anniversaire de sa fondation par une série de colloques dont le premier a eu lieu du 15 au 17 novembre 1993, et a réuni dix-huit de ses évêques et une vingtaine de délégués. Le thème en était : « L’Eglise, communauté en mission pour la justice, la paix et l’intégrité de la création ».

P.R. Chauhan, évêque de Gujarat, a pressé l’Eglise « de revenir à ses racines » et d’ouvrir ses portes aux chrétiens dalits et aux laissés-pour-compte de la société. Mgr Anand Chandu Lal, président de l’assemblée, a constaté avec tristesse : « Les questions qui préoccupent notre Eglise n’ont aucun rapport avec tout ce qui opprime et déshumanise notre population. Quatre-vingt-dix pour cent des membres de l’Eglise de l’Inde du nord vivent dans des villages côte à côte avec des gens de basse caste. Or, par ses oeuvres d’enseignement, d’assistance médicale, notre Eglise est au service des dix pour cent qui sont en haut de l’échelle sociale

La résolution adoptée par l’assemblée part du même constat : l’Eglise a servi « l’intérêt de l’élite« , alors que la plupart de ses membres ont été « marginalisés« . Elle s’est jusqu’à présent limitée à « ses propres préocccupations, à ses structures et institutions » et « elle a réduit son message au domaine spirituel et à la vie future« . Admettant que « l’Eglise reflète généralement la culture et les valeurs des systèmes dominants« , l’assemblée incite les membres de l’Eglise de l’Inde du nord à « reclasser leurs priorités et assigner des buts nouveaux à la mission« . Prévoyant de graves tensions sociales, la souffrance de victimes innocentes, des violences entre communautés, des crimes politiques, de la carence des chefs responsables, l’assemblée appelle l’Eglise à « être solidaire de tous les mouvements du peuple pour une société juste et humaine. »